la lecture de Nicole.S: "Le roi et l'horloger" de Arnaldur Indridason


Royaume du Danemark, fin du XVIIIe siècle. Jon Silvertsen est un obscur horloger vieillissant, depuis longtemps installé à Copenhague. 

Tout jeune, il a quitté sa lointaine Islande suite à des événements atroces qui l’ont marqué à tout jamais. Il vit désormais non loin du château de Christiansborg où règne en théorie le roi Christian VII, mais ce dernier, du fait de son déséquilibre mental, n’exerce en réalité aucun pouvoir : c’est le prince héritier Frédéric qui assure la régence. 

Un jour, l’horloger est appelé au palais pour réparer une pendule défectueuse. Il formule alors une curieuse requête : celle de pouvoir  examiner une vieille horloge oubliée depuis 200 ans dans une remise du château où gisent les objets mis au rebut. 

Cette horloge s’avère être un chef d’œuvre façonné par Isaac Habrecht, un artisan de renommée mondiale, célèbre pour avoir réalisé de splendides horloges astronomiques, dont la plus célèbre  est sans conteste celle qui orne la cathédrale de Strasbourg. 

Lorsqu’elle a cessé de fonctionner, de nombreux artisans et astronomes furent appelés à son chevet, mais personne ne fut à même d’en comprendre les délicats rouages. Notre homme obtient sans peine la permission de s’atteler à la restauration de cette merveille, tâche dont il s’acquitte avec humilité et émerveillement.

Ce roman permet d’appréhender la réalité historique de la domination d’un peuple à travers l’évocation du destin tragique de pauvres êtres qui n’aspiraient qu’à un peu de bonheur et furent exécutés en fonction de lois abjectes venues d’ailleurs.  

Dès le début, nous connaissons le sort funeste de ces personnages, ce qui rend encore plus poignant le récit du modeste horloger, témoin de son temps et passeur de mémoire. 

« Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, dit Jon. Il suffit d’avoir trois relations hors mariage en Islande pour être condamné à la pendaison, alors qu’à trois rues d’ici, chacun peut se vautrer dans la luxure à sa guise. » 

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

 J'ai aimé suivre pas à pas la remise en état de cette horloge fabuleuse, et j'ai aussi beaucoup apprécié le récit que fait le vieil horloger de la vie en Islande à une époque très difficile.


Ce roman est un petit bijou qui se déguste lentement, au rythme des aiguilles de l'horloge qui égrènent les temps, et rendent nos souvenirs douloureux un peu plus supportables à chaque minute qui passent.

A propos de l'auteur:

Arnaldur Indridason est né à Reykjavík le 28 janvier 1961. 

Diplômé en histoire, il est d’abord journaliste et critique de films pour le Morgunbladid, avant de se consacrer à l’écriture. 

Ses nombreux romans, traduits dans quarante langues, ont fait de lui un des écrivains de polar les plus connus en Islande et dans le monde, avec 18 millions de lecteurs.


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