La lecture de Nicole.S: " La papèterie Tsubaki" de Ito Ogawa...étre dans ses petits papiers


Une jeune fille de 25 ans revient dans la ville de son enfance pour tenir la papeterie Tsubaki. Sa grand-mère ( "L'ainée" ) est décédée , alors qu'elles ne se voyaient plus. 
Ce n'est pas seulement un commerce qu'elle lui lègue, c'est aussi un métier, celui d'écrivain public qu'elle exerçait et pour lequel , elle l'a formée , à la dure…

Peu à peu , elle se fera une clientèle, et fera des rencontres , de sa charmante voisine, Madame Barbara (une vieille dame dynamique et bonne vivante ), à deux petites filles , Hatoko (dite Poppo), va s'ouvrir aux autres, faire son deuil, et digérer sa culpabilité.
Mais ce n'est pas ce que je retiendrais de ce roman, d'autres écrivains exploitent ces thèmes là avec plus d'intensité .

Ce que je retiendrais c'est le raffinement, la délicatesse, le respect des coutumes, de la transmission, la poésie.

Ogawa Ito raconte merveilleusement le métier d'écrivain public au Japon . 
Recevoir le client, comprendre sa demande, lui offrir une tasse de thé pour le réconforter, puis une fois qu'il est parti, dans la concentration due à la solitude, choisir le papier adéquat , choisir sa taille, choisir l'instrument (pinceau, stylo plume..), choisir le bon alphabet (il en existe trois...), être inspirée pour le texte, ne pas avoir le droit à l'erreur (car le papier peut être rare et cher… ) , se lancer, être satisfait du résultat, trouver LA bonne enveloppe, trouver le bon timbre, aller poser le tout dans la boite aux lettres…

Tout un rituel d'un extrême raffinement , à l'heure où il est si simple d'envoyer un mail…

"Mais écrire d'une belle main n'est pas le seul travail de l'écrivain public.
Quand on libelle une enveloppe pour un mariage, qu'on écrit un nom sur un diplôme ou qu'on rédige un curriculum vitae, une beauté de pure forme est requise. La plupart des gens trouvent belle une graphie qu'on croirait imprimée. Mais l'écriture manuscrite, celle de la main d'un être vivant, possède un supplément d'âme qui ne se résume pas à la simple beauté formelle."

Et que fait Poppo quand elle ne travaille pas ? Et bien , qu'elle boive du thé , qu'elle mange ou qu'elle se promène à l'ombre des cerisiers en fleurs, elle nous transporte ailleurs. 
Car c'est certainement ce qu'on vient chercher dans ces pages, un peu d'exotisme…

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, le rythme est lent presque contemplatif, ouaté, mais il dégage beaucoup d'impressions : le printemps qui arrive, l'encre, la beauté , la gourmandise, un exquis raffinement…

"Malgré le nombre de commandes qu'elle avait honorées en tant qu'écrivain public, l'Aînée ne s'était jamais perdue de vue. Jusqu'à sa mort, elle avait été elle-même. Et maintenant que son corps avait disparu, elle continuait à vivre dans les calligraphies qu'elle avait laissées. Son âme les habitait. C'était ça, l'essence de l'écriture." (p. 191)

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

J'ai adoré ce livre !!!!

Pour toutes les raisons expliquées: délicatesse, culture japonaise, l'art de vivre,  il dégage beaucoup d'impressions : le printemps qui arrive, l'encre, la beauté , la gourmandise, un exquis raffinement…


A propos de l'auteur:
 

Ito Ogawa est une écrivaine japonaise connue pour ses rédactions de chansons, notamment pour le groupe Fairlife, et ses livres illustrés pour les enfants.

Avec "Le restaurant de l'amour retrouvé", son premier roman, elle a obtenu un grand succès auprès des critiques et du public. Le roman a remporté le Prix Étalage de la Cuisine 2011 et une version cinématographique est sortie sur les écrans japonais en 2010, sous le titre "Rinco's Restaurant".

En 2016 est édité "Le ruban", son second roman, qui raconte l'histoire d'une grand-mère passionnée d’oiseaux et de son nouveau compagnon à plumes, Ruban. La même année, Ito Ogawa revient avec "Le jardin arc-en-ciel".

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