Le narrateur se souvient de « la danseuse » qu'il avait connue cinquante ans plus tôt, en allant chercher son fils, Pierre, à la gare d'Austerlitz. La danseuse allait lui permettre de « mettre de l'ordre dans sa vie », à une période dont on devine qu'elle marquera « ses débuts en écriture ». du flou de ses souvenirs, il fait apparaître des moments plus précis : les retours à deux à l'appartement de la danseuse, les promenades avec le petit Pierre, les soirées chez Pola Hubersen et des personnages mystérieux : Verzini, le protecteur de la danseuse, Hovine, son ami d'enfance, André Barise, le harceleur, l'éditeur Maurice Girodias.
Patrick Modiano feint de ne plus se souvenir du docteur Péraud, soutien de la danseuse , Madeleine Péraud dont il avait écrit : « J'avoue qu'à ma première visite chez le docteur Péraud, je me suis dit qu'il serait rassurant d'être à l'abri du froid et de l'hiver dans son appartement, et de répondre aux questions qu'elle me poserait d'une voix grave et si tranquille ».
Modiano se fait grave : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans (en 2022), comme je n'en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m'y sentais un étranger. (…) Non ce n'était pas une période à faire l'élégant. Mais plutôt profil bas ». Il ne comprend plus Paris, peuplé de touristes se déplaçant en meute, mal fagotés, tirant des valises à roulettes.
Pourtant, « la danseuse » est un personnage sensuel, lumineux, comme est lumineuse la fin du roman : « La danseuse tient Pierre par la main (…) puis soudain, elle se met à faire un pas de deux avec lui sur le large trottoir du boulevard Pereire (…) Et Pierre la regarde en riant. de mon côté, j'imite la voix de Kniatseff comme je l'ai entendue tant de fois au studio Wacker (…) Pierre rit de plus en plus fort. Et nous reprenons notre marche tous les trois dans la nuit jusqu'à la fin des temps ».
L'avis du délirien: ⭐⭐⭐
Je ne suis pas une spécialiste de Modiano. Aux dires de plusieurs critiques que j'ai lues, on retrouve tous les thèmes chers à Modiano.
Néanmoins, j'ai trouvé ce court roman très agréable à lire, comme une balade dans Paris, à pas légers comme ceux de "La danseuse".
A propos de l'auteur: 
Patrick Modiano est un écrivain français, né à Boulogne Billancourt en 1945.
Il fait ses études à l'école du Montcel à Jouy-en-Josas, au collège Saint-Joseph de Thônes, puis au lycée Henri-IV à Paris. Ayant pour professeur particulier de géométrie Raymond Queneau, un ami de sa mère qu'il rencontre alors qu'il a quinze ans, il décroche son baccalauréat à Annecy, mais n'entreprend pas d'études supérieures.
Sa rencontre avec Queneau est cruciale. Introduit par lui dans le monde littéraire, Patrick Modiano a l'occasion de participer à des cocktails donnés par les éditions Gallimard. C'est en 1967 qu'il publie "La Place de l'étoile", un premier roman sur l'Occupation couronné du prix Roger Nimier 1968. À partir de cette année, il se consacre exclusivement à l'écriture.
En 2014, Patrick Modiano obtient le Prix Nobel de Littérature « pour son art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation ». Le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise Peter Englund le qualifie même de "Marcel Proust de notre temps".
Auteur d’une trentaine d’ouvrages, Patrick Modiano est aujourd’hui reconnu comme l’un des écrivains les plus talentueux de sa génération.
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