La lecture de Nicole.S: " Trois sœurs" de Laura Poggioli...S'il te bat c'est qu'il t'aime....


Ce que nous décrit l'auteure, ce sont les corps, ceux de Krestina, Angelina et Maria, corps brisés par les coups, les viols, cerveaux anéantis par les cris, les injures, les humiliations, yeux horrifiés par les scènes insoutenables qui concernaient aussi leur mère Aurelia. 

En 2018, à bout, les filles âgées respectivement de dix-neuf, dix-huit et dix-sept ans vont tuer leur père du nom de Khatchatourian. Ce n’est pas une fiction, les personnes et les faits sont réels et le procès a enflammé le pays entre les défenseurs des jeunes filles et les partisans du père.

Laura Poggioli connait la Russie depuis l’adolescence et retournait régulièrement dans ce pays pour qui elle a un amour infini, c’est en Russie qu’elle s’est épanouie, c’est en Russie qu’elle a appris à vivre. 
Pourtant, elle est consciente des immenses faiblesses du pays, du manque de justice, de la violence des hommes – elle-même victime d’un compagnon devenu incontrôlable, de l’aveuglement des autorités, de l’absence de protection pour les victimes et du poids du passé bolchevique où tout était interdit, où la promiscuité était légion. 

Long chemin qui reste à parcourir, la femme est considérée comme égale avec l’homme depuis des décennies et pourtant ses droits sont très limités.  Un proverbe qui dit « s’il te bat, c’est qu’il t’aime » en dit long.

L’autrice mêle le récit à son histoire personnelle, ce qui peut sembler déplacé. 
Pourtant, au fur et à mesure, elle ne fait qu’ajouter une plus-value en s’immisçant complètement dans ce terrible parcours de vie en décrivant ce qu’ont subi ces trois sœurs et d’autres femmes. Avec la plupart du temps l’impunité pour ces criminels des familles. Cet ouvrage est tout sauf un roman – pourquoi l’annoncer comme tel – mais ça ne lui enlève strictement rien de son intérêt et surtout de son immense utilité.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

Ce livre est bouleversant, dérangeant, malaisant....
Difficile de dire que l'on en a aimé la lecture ! Il se lit comme un reportage, d'autant plus intéressant durant la période actuelle de conflit.
Ce qui le rend, à mon sens intéressant, c'est le choix de l'auteure d'y mêler son histoire personnelle avec son amour immodéré pour ce pays.
Premier roman réussi, à mon sens.

A propos de l'auteure:
Née à Angers, d’origine italienne par ses grands-parents, Laura Poggioli tombe en amour de la langue russe au lycée. 
Elle poursuit son apprentissage à l’université en parallèle à ses études à Sciences-Po. 
Comme une évidence, son premier livre s’inscrit sur ce territoire-là. À son chevet, les recueils de Anna Akhmatova et Marina Tsvetaeïva, les deux grandes poétesses russes qu’elle aime autant pour leurs vers que pour leurs vies. 
Comme Marina Tsvetaeïva, elle fait reposer la sienne sur trois piliers : l’amour, la création, la famille. Âgée de 37 ans, elle est mère de trois enfants et vit à Boulogne- Billancourt. Bien sûr, Emmanuel Carrère est l’un de ses maîtres en écriture, avec, tout particulièrement, Un roman russe et Limonov.

Partager votre avis dans la section "Commentaires" juste en dessous.

Commentaires

  1. Bravo pour ton billet. Un récit fort et engagé qui dénonce, au delà de l horreur des violences domestiques, l emprise, les non-dits et la honte. Grande qualité d écriture. Comme toi je le recommande. Isabelle

    RépondreSupprimer
  2. Bravo pour ton billet. Un récit fort et engagé qui dénonce au delà de l horreur des violences domestiques, l emprise, les non-dits et la honte. Grande qualité d écriture. Comme toi je le recommande. Isabelle

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !