La lecture de Nicole.S: "Ultramarins" de Mariette Navarro aux éditions Quidam....L'odyssée d'un bateau ivre.

 

« Il y a les vivants occupés à construire et les morts calmes au creux des tombes. Et il y a les marins. » 

Cette phrase résume bien ce livre !

Elle est fille de commandant et pour elle jamais il n'a été question d'une vie terrestre, sur terre elle a l'impression d'être l'élément de trop. 

Elle commande depuis trois ans un cargo avec de nouvelles équipes régulièrement, quand on lui demande avec qui elle veut embarquer, elle choisit les ours, les timides. 

Quand à la fin du dîner, après quatre jours de mer, le second a proposé de couper les moteurs, de descendre un canot, de s'offrir une petite baignade, une voix sortie d'elle dit sans réfléchir : « D'accord. » 

Nager dans l'océan comme une seconde naissance, pendant une heure ils ont perdu le fil de tout. 

Mais quand ils remontent à bord, ils sont 21 au lieu des 20 qui avaient embarqué dans le canot. 

Et puis un banc de brume, non signalé sur les radars qui s'installe et le navire qui ralentit sans aucune raison mécanique, tout fonctionne parfaitement…

"Parce que c'est ça, la mer, les kilomètres le cargo d’acier prend des allures de vaisseau fantôme, transperce doucement des nappes de brouillard ouaté sans tenir compte des souhaits de son équipage. Sa volonté est indomptable, et surtout elle place les hommes et leur Commandante face à leur propre condition."

Le rationnel fait place à la fantaisie, le mystère est rempli de poésie. 

"Qu’est ce qui est remonté à bord en même temps que ses marins ? Ce nombre trop grand, ce doute, là où il ne devrait jamais y avoir de doute, puisque les chiffres sont faits pour que l’on s’y appuie. Cette grande fatigue."

« Immédiatement, elle est saisie par la moiteur de ce concentré d’orage. On dirait qu’un nuage s’est enroulé autour d’eux, qu’elle tente machinalement de retenir entre ses doigts écartés. Barbe à papa blanche, et presque sucrée aussi à force de densité : comme personne ne peut la voir, elle tire la langue pour la goûter, il faut bien revenir à quelques réflexes d’enfance quand on pressent que rien de drôle ne va surgir de sitôt. »

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

Mon amie Isabelle m'a offert ce livre, elle sait que l'eau, la mer et ses profondeurs me terrifient. El là, je fus servie. Lorsque les marins nagent dans l'océan , au milieu de nulle part, j'avais la sensation de me noyer !!!!

Mais quel étrange livre !

Si vous voulez vivre une expérience sensorielle hors norme, alors ne passez surtout pas à côté de ce bijou….

A propos de l'auteure:

Mariette Navarro est née à Lyon en 1980. Après des études de Lettres Modernes et d'Arts du Spectacle, elle entre en tant que dramaturge à l’École Supérieure du Théâtre National de Strasbourg. 

Tout en écrivant, elle travaille comme dramaturge pour différents théâtres et compagnies. 

A ce jour, elle a publié Alors Carcasse , Nous les vagues suivi des Célébrations , Prodiges®  et Les feux de Poitrine . Les Chemins contraires  En 2016, elle reprendra la direction de la collection Grands Fonds aux éditions Cheyne.


Partager votre avis dans la section "Commentaires" juste en dessous.


Commentaires