La lecture de Nicole.S/ "Les pantoufles" de Jean Michel Fouassier éditions Folio: On est bien dedans....


Alors là, c’est l’histoire d’un mec qui claque sa porte en laissant ses clés à l’intérieur – je n’ai jamais compris ces portes à la c… qui ont un malin plaisir à vous enfermer dehors ! – et évidemment, l’imbécile a, en plus, oublié de mettre ses chaussures. 

Ça vous arrive souvent d’oublier de mettre vos chaussures pour sortir ? Qui plus est, le jour où vous oubliez de prendre vos clés ? 

Eh bien le copain de Luc-Michel Fouassier, c’est peut-être la première fois que ça lui arrive, mais ça lui permet d’écrire un petit bouquin, à Luc-Michel !

Donc, notre étourdi se retrouve à la rue, sans ses clés, et en pantoufles. 

« Puis, ayant snobé l’ascenseur, à l’instant où l’on quitte la moquette du palier pour le carrelage de l’escalier, au bruit étouffé de ses pas, on se rend compte qu’on a oublié de chausser ses mocassins. On fixe un instant les pantoufles. Force est de constater qu’on a oublié aussi les clefs. » 

De superbes pantoufles "Charentaises", pure laine, en tissus écossais, à la semelle de feutre lui donnant une douce sensation de moquette moelleuse, douillette à souhait ! « Je n'étais pas devenu l'homme invisible, mais l'homme silencieux. Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. A côté de mes pompes, en quelque sorte. »

Le voilà confronté à toutes sortes de situations qui, en d’autres circonstances eussent été banales, mais en pantoufles… un brainstorming au bureau, la société marchande, le monde de l’art, la police, les amis, la famille…

Bon, il ne donne pas de leçons, mais quand-même…

Quel beau rôle ont ses pantoufles lors de ce vernissage dans le Beau Monde intellectuel très mondain qui l’interroge sur le sens profond de ses pantoufles : « J’expliquais à mes interlocuteurs que l’artiste devait se positionner. Faire son choix. Créer, c’est choisir. Et choisir, prendre un risque. L’œuvre ou l’acte. L’exaltation de la beauté plastique ne me suffisait plus. Je privilégiais l’acte, mais en l’affranchissant du devoir de fabrication manuelle pour concentrer la création dans le travail de conception. Il fallait se départir des canons esthétiques et conceptuels. » 

Et devant les regards émerveillés et conquis de l’assistance, d’ajouter, pour faire bonne mesure : « Je voulais laisser mon empreinte dans l’histoire de l’art, et j’insistais sur le fait qu’il me seyait assez qu’elle eût la forme d’une semelle de charentaise. » 

L’auditoire, subjugué, aurait applaudi à tout rompre… s’il n’avait pas eu entre les mains une coupe de Champagne !…

 "Elle me tira par la manche et je me retrouvai, ni une ni deux, sur la piste de danse. Brune se positionna face à moi et commença à tortiller du croupion sur la musique d'un tube disco des années soixante-dix où il était essentiellement question de naître pour être vivant. [...] Tu es extrêmement magnétique, on te l'a déjà dit ? me glissa Brune, en rapprochant son visage du mien. Enfin, crus-je entendre. Avec les décibels que vomissait la sono, je n'étais pas sûr. Elle avait tout aussi bien pu dire tu es extrêmement sympathique, énergique, hypnotique. Ou encore, érotique, maléfique, authentique, excentrique, olympique, hygiénique, enfin, quelque chose dans le genre. A mon grand regret, ça ne pouvait être aristocratique, trop de syllabes."

« D’aucuns se réclament de l’équerre et du compas ; il nous fallait un symbole fort pour exprimer notre refus de marcher en suivant le troupeau. Et surtout, elle avait applaudi au fait, que, depuis lors, j’avais décidé de les garder aux pieds, en manière de pied de nez envers mon destin. »

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

C'est un court roman (113p) qui se lit d'une traite, non dénué d'humour. il aborde avec un certain cynisme, le conformisme, les convenances et les apparences dans la société moderne.

Une petite parenthèse légère qui vous donnera le sourire, c'est fin, satirique, ironique et décalé et le personnage principal, avec ses charentaises aux pieds, saura vous charmer.

J'ai ri en imaginant les scènes, ça m'a fait un bien fou !!!

Que cela fait du bien dans ce monde virtuel et autres. On se régale, on rit. Pas besoin d'ordonnance. A consommer sans aucune modération....

A propos de l'auteur:

Luc-Michel Fouassier est né en mai 1968, non loin des pavés parisiens.

Il est l'auteur de quatre recueils de nouvelles publiés aux éditions Quadrature : "Histoires Jivaro", "Les hommes à lunettes n'aiment pas se battre", "Deux ans de vacances et plus" "Petites foulées au bord d'un canal".

Trois romans sont parus aux éditions Luce Wilquin, notamment "Le zilien".

Son dernier roman, "Les pantoufles" est sorti en 2020 a remporté un vif succès, salué par la critique (Libération, Le Monde, Le Matricule des anges...)


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