La lecture de Patricia.B: " La douleur du dollar " de Zoé Valdés...Cuba si !!! Cuba No!!!!

Le roman comporte deux parties composées respectivement de six et cinq chapitres. Chacun s’ouvre sur l’extrait d’une chanson qui annonce l’avancée de l’histoire.

C’est au travers de l’histoire de Cuca Martinez, fille d’un aubergiste chinois (il quitta Canton pour Mexico puis Cuba) et d’une mère de Dublin arrivée à Cuba à deux ans, l’histoire de la «dislocation » de Cuba la difficile condition des femmes, la misère et la faim sous le régime de Fidel Castro jamais nommé mais surnommé » ExtraLarge »ou XXL » en référence à son pouvoir absolu.

L’histoire :

Cuca, surnommée aussi Cuquita, Caruquita ou la Môme, cinquième enfant est envoyée par sa mère chez sa marraine à La Havane. 

Là, elle sert de bonne à tout faire. Elle rencontre deux jeunes femmes bisexuelles qui exhibent leur vie de plaisirs. Elles l’emmènent au cabaret Montmartre où Cuca rencontre Juan Pèrez,le « Ouane », qui devient l’amour de sa vie : il part et elle l’attend pendant huit ans( on est dans les années cinquante), le retrouve au Montmartre. Ils vivent leur amour fou, Cuca doit avorter deux fois.

Puis la Revolution éclate et Juan, qui travaille pour la mafia locale quitte brusquement Cuba pour rejoindre New York. Avant son départ, il confie à Cuca un billet d’un dollar qu’elle doit conserver précieusement dans l’attente de son retour.

Cuca accouche d’une fille, Maria Regala, et attend toujours le retour du Ouane. 

Sa fille est une enfant de la révolution : elle hait son père, devient journaliste pour le pouvoir castriste. Cuca vieillit rapidement … Dans les années quatre-vingt-dix, Le Ouane revient à Cuba ; Les retrouvailles avec Cuca et sa fille sont chaleureuses mais il s’est marié aux Etats Unis avec une autre exilée cubaine et est revenu pour récupérer le dollar confié à Cuca : le numéro de série correspond au numéro d’un compte en Suisse, ses chefs le lui réclament et la sécurité de sa famille américaine en dépend. 

Cuca retrouve le dollar. Mais le chef de gang newyorkais le fait amener au Palais de la Révolution et le Ouane découvre que la mafia exilée est liée à Castro et le soutient. Il est arrêté ainsi que Cuca. Il est expulsé aux Etats Unis comme traître et Cuca, relâchée décide de rester dans son village natal. Elle devient sénile. Sa fille finit par l’y retrouver. Cuca ne la reconnaît pas mais parle à la journaliste et confie son histoire à Maria Regala.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

Le style est vif, le langage est cru et peut choquer (chapitre 1, p. 23, édition Babel, je cite : « Les deux nanas broutaient tellement qu’on sentait l’odeur du gazon, Elles se frottaient à produire des étincelles. Nicchons contre nichons. Raie contre raie.Leurs doigts couverts de bagues en toc branlaient leur clitoris à la vitesse de la lumière », etc.

L’évocation de La Havane d’avant la révolution est pleine de la sensualité des danses, de la cuisine cubaine, Zoé Valdès en donne des recettes précises (p. 32, recette du jambon rôti à la créole).

Le chapitre 3, Une rose de France, est consacré au tour de chant d’Edith Piaf à La Havanne .Cuca( Zoé Valdès sûrement) est subjuguée. 

A propos de l'auteure: 

Zoé Valdès est née et a grandi à La Havane, elle y a fait ses études, puis a étudié à l’Alliance Française à Paris et a travaillé de 1984 à 1988 à la délégation de Cuba à l’UNESCO, entre autres choses. 

Elle s’est exilée à Paris et milite contre le communisme. Elle prend des positions soutenant l’invasion de l’Irak par les Etats Unis, manifeste son soutien à des mouvements d’extrême droite, à Donald Trump. 


Distinctions : Zoé Valdès a obtenu le prix Planeta en 1996 en Espagne (récompense des romans originaux et inédits écrits en espagnol), elle est Chevalier des Arts et des Lettres et a obtenu la Grande médaille vermeil de la Ville de Paris


Commentaires