La lecture de Nicole.S: "Arrête avec tes mensonges" de Philippe Besson....le manque....

Tout commence en 1984. 

Philippe est au collège, à Barbezieux où il étude les mathématiques (il deviendra homme d’affaires avant de quitter cette profession pour écrire). Son père y enseigne également. 

Il s’intéresse à un garçon au regard sombre, solitaire, qui est dans une autre classe. Il sait son nom; Thomas Andrieu. 

Il fait attention pour qu’on ne sache pas qu’il s’intéresse à lui, d’autant qu’on le traite de "sale pédé". Il se dit qu’il est un étranger pour T.A., pour ce fils de paysan, qui est très beau comme en fait foi la photo de la page-couverture du livre. Naît alors le désir pour lui.

Puis un jour, invraisemblablement, Thomas lui fixe rapidement un rendez-vous dans un café. Là, il dit ce qu’il n’a jamais dit, qu’il est seul avec son sentiment, avec son goût des garçons. Philippe sera stupéfait, tétanisé par une phrase qui est une prémonition : «parce que tu partiras et que nous resterons», lui confie Thomas. 

Puis ensemble, ils vont dans un endroit dérobé. Et ils font l’amour. Une passion naît, et avec elle l’angoisse d’être abandonné, que cela ne se reproduise pas. Cela durera presque un an. Et cet amour se terminera avec la fin des classes. 

Voilà le début de ce roman divisé en trois parties : 1985 (la plus longue), 2007 et 2016. 

Il y aura la séparation, puis un jour, il y aura une remontée dans le temps : Thomas refait irruption sous les traits de son fils, Lucas, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau.

La vie est ainsi imprévisible. Philippe saura après cette rencontre qu’il ne peut plus raconter de mensonges. Il dira la vérité, sa vérité, une vérité universelle sur l’amour, l’absence de l’être aimé, le manque, le déchirement, la douleur – après l’éblouissement. Peut-être cet amour a-t-il fait naître Philippe Besson à l’écriture. 

"On ne se défait jamais de son enfance. Surtout quand elle a été heureuse"

"Il sait quelque chose que je ne sais pas: que je partirai. Que mon existence se jouera ailleurs. Loin, très loin de Barbezieux, de sa langueur, de ses ciels plombés, de son horizon bouché. Que je m'en échapperai comme on s'évade d'une prison, que moi, j'y réussirai. Que je voudrai la ville capitale, que je m'y épanouirai, que j'y trouverai ma place, que j'y ferai ma place. Qu'ensuite, je sillonnerai la planète, puisque je ne suis pas fait pour la sédentarité. Il imagine une ascension, une élévation, une épiphanie. Il me croit promis à un destin brillant. Il est convaincu qu'au sein de notre communauté presque oubliée des dieux, il ne peut exister qu'un nombre infime d'élus et que j'en fais partie. Il pense que bientôt je n'aurai plus rien à voir avec ce monde de mon enfance, que ce sera comme un bloc de glace détaché d'un continent.“

"Je découvre la morsure de l'attente. Parce qu'il y a ce refus de s'avouer vaincu, de croire que c'est sans lendemain, que ça ne se reproduira pas. Je me persuade qu'il accomplira un geste dans ma direction, que c'est impossible autrement, que la mémoire des corps emmêlés vaincra sa résistance. Je me dis que ce n'était pas seulement une histoire de corps, mais de nécessité. Qu'on ne lutte pas contre la nécessité. Ou, si on lutte, elle finit par avoir raison de nous."

Philippe Besson évoque ici son premier amour, Thomas qui créra chez lui divers sentiments: le manque, "la privation insupportable de l'autre", la tristesse, la folie qui menace, manque qui prend ces racines ici, dans cette première histoire d'amour.

L'avis du Délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

On sort de ce livre les larmes aux yeux. Il faut souligner combien la dernière partie (2016) est particulièrement poignante. 

Avec délicatesse et subtilité, l'auteur se livre sur ses choix, sur son homosexualité:

 "Mais jamais je ne dévierai. Jamais je ne penserai : c'est mal, ou : j'aurais mieux fait d'être comme tout le monde, ou : je vais leur mentir afin qu'ils m'acceptent. Jamais. Je m'en tiens à ce que je suis. Dans le silence certes. Mais un silence têtu. Fier."

J'ai aimé l'écriture  simple, fine, délicate, évocatrice, superbe.....

C'est le premier livre que je lisais de Philippe Besson, sur les conseils de Marie-Jo de Angers.

Ce livre m'a bouleversée....

Du livre au cinéma:

Bientôt au cinéma courant 2022 !!

Olivier Peyon signera l'adaptation du roman “Arrête avec tes mensonges”, de Philippe Besson, paru à l'origine aux éditions Julliard en 2017 et lauréat du Prix Maison de la Presse.

Guillaume De Tonquédec et Victor Belmondo seront à la tête de la distribution.

A propos de l'auteur:

 

Philippe Besson est écrivain, dramaturge et scénariste français, anciennement homme d'affaires. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision.

Il est diplômé de l'École supérieure de commerce de Rouen et titulaire d'un DESS de droit. En 1989, il s'installe à Paris où il exerce une profession de juriste et enseigne le droit social. Pendant près de 6 ans, il sera le bras droit de Laurence Parisot, en tant que DRH puis secrétaire-général de l'Institut français d'opinion publique. Par la suite, il sera DRH de T-Online France - Club Internet.

En 1999, il publie "En l'absence des hommes", récompensé par le prix Emmanuel-Roblès. En 2001, il publie "Son frère" qui sera retenu pour la sélection du Prix Femina. L'adaptation cinématographique avec Bruno Todeschini et Eric Caravaca dans les rôles principaux qu'en fera Patrice Chéreau en 2003, recevra l'Ours d'argent au festival de Berlin.

En 2011, il soutient l'action de l'association Isota qui milite pour le mariage et l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. Il réalise en 2014 le documentaire "Homos, la haine" sur France 2.


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