La lecture de Nicole.S: "Ouvre ton aile au vent" de Eloi Audoin- Rouzeau: ....et le canard était toujours vivant....

Un futur proche, pas si loin, qui pourrait être le nôtre.

Depuis qu'un virus aviaire a frappé la planète il y a 20 ans, les oiseaux de basse-cour sont interdits. La société française souffre de restrictions draconiennes. Dans un Paris déchu, la conscience collective cède place à l'instinct populaire.

C’est un roman,  qui se passe à Paris, rive gauche pour être précis, où a lieu une fois par an une chasse au canard qu’il s’agit d’attraper vivant. 

Une fois l’animal capturé, celui-ci doit passer à la casserole du célèbre restaurant de La Tour d’Argent, ( son fameux canard au sang!) où le vainqueur pourra partager les morceaux du volatile avec le Président. 
Jamais , à ce jour , le canard , à l'instar de " la célèbre chèvre de monsieur Séguin " n'a pu échapper à son destin ....Il y a un début à tout ?

Cela commence comme un carnaval, mais tourne vite à la débandade, avec des Parisiens hystérisés par l’appât du gain dans une capitale transformée en nef des fous. 

Ici, le canard n’est pas de Barbarie, mais de Challans, et tandis que la foule barbaresque se déchaîne, les seuls personnages faisant preuve d’humanité sont des marginaux ...

On croise en effet une gardienne d’immeuble, Mme Gracia, aussi discrète que généreuse ; Ferta, un balayeur sénégalais, qui lit des vers de Rimbaud sur les murs ; Suzanne, en charge des ânes du jardin du Luxembourg, qui portent tous des prénoms d’anciens présidents, Valéry ou François. Le canard est venu se réfugier auprès d’eux, et tous ces héros modestes montrent un peu d’humanité en protégeant l’animal de la fureur de ses poursuivants.

"Sans chercher à en savoir davantage, je pris délicatement le canard entre mes doigts. Il avait perdu connaissance. Je sentis son cœur qui battait dans ma main, la chaleur de son corps et la douceur de ses plumes. Et je compris que lui venir en aide revenait à me sauver moi-même. Moi et tous mes semblables, ceux dont le sort me laissait jusque-là indifférent".

Dans ce premier roman aux allures de course poursuite, Eloi Audoin-Rouzeau joue de sa plume poétique pour interroger la violence sociale. Face à la bestialité tapie, il convoque notre humanité, en appelle à l'individu et à son libre-arbitre.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

J'ai aimé cette dystopie, cette course poursuite derrière le canard, je volais sur les toits de Paris...essoufflée par cette course poursuite....

Dès le début, j'ai été en totale empathie pour le volatile !
L'auteur a super bien montré la bestialité humaine face à l'adversité, mais....des irréductibles gaulois nous donnent de l'espoir dans l'humanité.
C'est vrai c'est un roman, mais surtout une belle fable, un conte philosophique plein de poésie.

J'ai aimé l’image de couverture qui rappelle le tableau de Magritte « L’homme au chapeau melon ».
Ce fut pour moi une belle friandise...
Et en plus le canard est vendéen .....


Le restaurant "La Tour d'Argent"

A propos de l'auteur: 

Eloi Audoin-Rouzeau est né en 1990 à Paris. Il est le fils de l'historien Stéphane Odoin-Rouzeau et neveu de Fred Vargas.
Après des études à Sciences-Po-Aix et à Trinity College (Dublin), il a travaillé à la FAO. Son premier livre, Belleville au cœur , raconte la vie d'un sans-abri parisien, entre fiction et témoignage.
"Ouvre ton aile au vent" est son premier roman.


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