La lecture de Nicole.S: "SERGE" de Yasmina REZA: du grand ART...

Une mère juive vient de mourir et c'est un point d'appui qui vient de disparaître dans la famille Popper. 

Les enfants, Jean, le narrateur, Serge, personnage fétiche de l'autrice, et Anna vont reprendre leurs tracasseries de jeunesse, avec en plus pièces rapportées et neveux, nièces.

Chacun rapporte ses joies, ses frustrations, ses ratages, des vies normales quoi !

C'est la virtuosité de Yasmina Reza qui anime cela, avec beaucoup d'humour et de beaux coups de griffes sur la classe moyenne occidentale, sur la modernité  De savoureuses réflexions aussi sur l'Etat d'Israël.

Quand Marta, la mère disparait, ses trois enfants et Joséphine, la fille de Serge, entreprennent un voyage à Auschwitz. C'est Joséphine qui a tenu à faire ce voyage sur les traces de l'histoire familiale maintenue sous silence par ses grands parents qui "avaient estompé toute appartenance à la judéité... des apôtres de l'assimilation". "Nos parents ont disparu sans avoir livré autre chose que des fragments, des résidus de biographies peut-être affabulés et on ne peut pas dire que nous nous soyons intéressés à leur saga. Qui veut s’embarrasser de religion et de morts ? On ne dit pas assez la légèreté que procure l’absence de patrimoine."

J'ai aimé son humour noir lors de la scène centrale du roman, la visite des camps d'Auschwitz et de Birkenau avec des dialogues et des attitudes de la famille assez surréalistes pendant cette visite qui se déroule dans un décor pour touristes au milieu de visiteurs en short qui multiplient les selfies. Yasmina Reza nous balade dans un parc d'attraction !!!

Ils se disputeront même au pied d'un wagon plombé, très drôle et pour finir par dire "il faut se souvenir pour ne pas le refaire" et cette réponse:  "un savoir qui n'est pas intimement mêlé à soi est vain..." A méditer.


L'avis du Délirien:  ❤❤❤

Je ne m'attendais pas à ce type de roman en commençant, j'étais resté sur le célèbre "ART" , un huis-clos sur l'amitié et l'art.

C'est un excellent roman drôle et satirique sur la famille, le vieillissement et les lieux de mémoire.

A propos de l'auteure:

Yasmina Reza est née le 1er mai 1959, d'un père, Jean Reza, irano-russe, arrivé, de Moscou, ingénieur, issu d’une famille juive nomade et désargentée et d’une mère violoniste, juive de Hongrie, arrivée en France pour fuir le communisme. 

Elle étudie le théâtre et la sociologie à l'université de Nanterre. Elle est mère d'une fille née en 1988 et d'un fils né en 1993.

Sa production est variée, comprenant le théâtre, des romans, des scénarios. Sa pièce « Art » (1994) est une réussite internationale qui l'a fait connaître du grand public. 

Ses œuvres, adaptées dans plus de trente-cinq langues, ont reçu de nombreux prix, dont des prix anglo-saxons prestigieux : deux Tony Awards et deux Laurence Olivier Awards. En novembre 2016, elle reçoit le prix Renaudot pour son roman "Babylone".


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Commentaires

  1. J’aime cette écrivaine mais cette fois, avec « Serge », je n’ai pas accroché.
    mjo

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  2. Pas évident de traiter ce sujet avec humour. Mais j'imagine bien qu'avec son talent Yasmina Reza sait faire peser entre les lignes le poids de la mémoire...
    A lire alors...
    Isabelle

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  3. l'humour et la pertinence des descriptions de cette famille presque "ordinaire", m'ont fait passer un bon moment de lecture. La narration de la visite des camps est pertinente et originale, toute empreinte d'une légèreté étonnante mais tellement imaginable. On assiste, en spectateur assidu, à la représentation d'une galerie de portraits, bien typés et qui ne peuvent que nous rappeler un proche ou une relation, dans la vraie vie.

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