La lecture de Nicole.S: " BETTY " de Tiffany McDaniel : Futur classique de la littérature américaine !


Voici l'histoire, sombre et lumineuse, d'une petite Indienne qui n'a rien de commun avec cette Pocahontas à laquelle on la compare souvent avec méchanceté à Breathed, petite ville imaginaire du Sud de l'Ohio où sa famille vient de s'installer. Betty Carpenter, sixième d'une lignée de 8 enfants, a la peau plus sombre que sa fratrie et l'imagination plus vive grâce aux histoires magiques avec lesquelles son père cherokee réenchante son monde, bien plus cruel que la belle nature environnante.

Dans les contreforts des Appalaches,  dans les années 1960, pas facile d'avoir « la peau pas noire comme celle des Nègres mais pas blanche non plus ». « Squaw », « sale métisse aux cheveux raides ». Betty subit le racisme ordinaire de ses camarades de classe dans l'Amérique rurale . 

Sa propre mère, aux inquiétantes tendances suicidaires, la force à jouer les sorcières pour ne pas bousculer les codes d'une société rétrograde.

Le foyer familial n'est pas davantage un havre de paix, malgré les parties de campagne que lui organise son père, les sujets en bois qu'il lui sculpte et les contes d'aigles et de faucons qu'il lui raconte. 

Derrière les jeux et les rêves des petits Carpenter, la maison recèle des secrets abominables que Betty va découvrir au fil des années et surmonter grâce à l'écriture. 

Peut-être parce que dans ce coin de campagne de l’Amérique profonde, ce sont les mères qui poussent les filles dans le lit de leurs pères et qu’elles finissent toutes par se justifier en disant seulement ceci : « Ca arrive dans toutes les familles ». 

Cette douleur qu'elle ne peut partager avec personne, elle la confie à des pages qu'elle enfouit sous terre. L'exercice se révèle aussi éprouvant que libérateur.

« J’avais les yeux de mon père, et désormais j’avais aussi la souffrance de ma mère. Je sentais cette souffrance devenir un corps solide, quelque chose qui – j’en avais peur – serait toujours là. J’ai pleuré en pensant à ses mains, si petites » 

« Comment survit-on quand les personnes censées nous protéger le plus sont justement les monstres qui nous déchirent et nous mettent en pièces ? », voilà ce que demande Tiffany McDaniel dans ce magnifique roman.

L'avis du Délirien: ❤❤❤ +++

Enorme claque !!

Une lecture dont on ne ressort pas indemne. C'est un long roman puissant, d'une tristesse et d'une beauté infinies. Il dit l’innocence perdue, la pauvreté, le racisme, les menaçants secrets de famille, la violence faite aux enfants et aux femmes. 

Les mots tendres et poétiques de Tiffany McDaniel font du père  Landon, comme les autres membres de sa famille, de magnifiques héros universels que je ne suis pas près d'oublier.

J'ai dû attendre plusieurs jours avant de redémarrer un nouveau livre, il me fallait digérer celui-ci !!!!

A propos de l'auteure:


Tiffany McDaniel vit à Circleville dans l'Ohio, État où elle est née en 1985 et a grandi. Auteure autodidacte sans formation artistique universitaire particulière, inspirée par les livres de Shirley Jackson et Flannery O'Connor, elle écrit de nombreux textes non publiés avant que son premier roman, L'Été où tout a fondu, soit finalement accepté par un éditeur.

Particulièrement remarqué par la critique lors de sa parution en français son deuxième roman Betty – qui s'attache à décrire la vie difficile d'une métisse indienne dans les années 1950/60  a reçu le prix du roman Fnac 2020.

L'auteure, dont la mère a inspiré son héroïne, a elle-même mis dix-sept ans à coucher par écrit ses bouleversants souvenirs familiaux. L'auteure a voulu faire de ce roman  « à la fois danse, chant et éclat de lune » à la manière des légendes amérindiennes qui ont bercé son enfance.

Commentaires

  1. Très belle et émouvante chronique sur un grand livre.

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  2. Votre billet m'a donné envie de lire ce livre. J'ai appelé illico ma bibliothèque de quartier pour qu'ils me le mettent de côté. Samedi 28/11, je l'aurai à la 1ère heure de l'ouverture !

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merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !