La lecture de Nicole.S: " Les Demeurées": la différence , elle est immense...

"La Varienne", c’est comme cela qu’on l’a appelé, vit sa vie avec sa fille Lucie, sans penser, sans parler, sans montrer ses émotions. Elle est « la demeurée », « l’abrutie ». Sa fille cherche à chaque instant un signe, une émotion, un regard … mais rien. 
Pourtant ça n’enlève rien à l’amour pur qui les unit. Mais le jour où Luce va à l’école car c’est obligatoire, "La Varienne" est désemparée et reste plantée dans la rue à l’attendre. Le sentiment de manque qu’elle ne connaissait pas s’insinue en elle et c’est alors une grande souffrance qui s’empare de tout son être. Luce est aussi triste et blessée à vif par cette séparation et reste totalement hermétique à l'enseignement de l'institutrice Mademoiselle Solange.
« Elle fait mur. Aucun savoir n’entrera. L’école ne l’aura pas. »
 Lucie décidera de ne plus retourner à l'école, s’initiera à la broderie avec du fil que ramènera "La Varienne" à la maison. Ce sera alors son secret et elle continuera par la broderie son apprentissage des mots loin des yeux de sa mère, de l’alphabet pour commencer. Elle aura protégé sa mère, protégé leur amour, gardé intact la pureté de leur lien, tout en ayant le plaisir du savoir et de la connaissance.

Jeanne Benameur réussi à dire l'essentiel et le plus beau en 80 pages tout rond. La manière d'aborder un sujet toujours autant d'actualité, le droit à la différence, le choix des mots, les expressions, l'ambiance et les émotions, tout est juste et résonne du son de la vérité. 
 Comme ce moment de quiétude absolue lorsque la petite Luce entend sa mère se lever au petit matin, qu'elle se blottie plus profond dans ses couvertures dans le creux encore chaud de la place de sa maman. Elle ferme les yeux et perçoit les bruits de la vie. La cuisinière qui résonne, la tige de fer qui gratte les cendres, le feu qui renaît. Le son des bols qui parlent sur la table, l'odeur fabuleuse du café qui s'insinue partout et tout doucement. Le bien-être coule dans ses veines et elle sait déjà que ce sera une bonne journée.

A travers l'histoire de Luce, une profonde réflexion sur l'apprentissage de la langue...pas du tout académique mais en découvrant d'autres univers.

L'avis du Délirien: ❤❤❤
C'est le premier livre que je lis de Jeanne Benhameur, sur les conseils de mon amie Isabelle.
Dès les premières pages, j'ai été subjuguée par son écriture limpide, simple et à la fois complexe, qui utilise des mots courants mais nous touche et nous bouleverse. Environ tout les cinq pages je ne pouvais pas m'empêcher de m'exclamer « Cette femme est balèze, vraiment ».
Un véritable "coup de cœur" lu en une soirée, j'ai hâte de découvrir d'autres écrits d'elle.

A propos de l'auteure:
Jeanne Benameur est née le  à Ain M'lila en Algérie d'un père algérien et d'une mère italienne. Dernière d'une famille de cinq enfants, elle a 3 soeurs et un frère, elle passe de l'Algérie à la France métropolitaine avec sa famille en raison des violences liées à la guerre d'Algérie. Elle a cinq ans et demi quand elle arrive à La Rochelle.
Elle a reçu en 2001 le Prix Unicef pour son roman "Les Demeurées", Jeanne Benameur fait partie de l'équipe de "Parrains Par Mille", une association de parrainage d'adolescents désemparés.
Son oeuvre est extrêmement importante, tant en romans, que en poésie et théâtre.
On peut citer et découvrir: Profanes, Laver les ombres, Reliques, Les insurrections singulières....


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Commentaires

  1. Touchée que ce court récit t'ait transportée. Ton billet va donner envie à des lecteurs. A lire aussi du même auteur "Ceux qui partent". Un récit très poétique qui sublime les affres du déracinement avec beaucoup de sensibilité. Direction Ellis Island en 1910 pour ce voyage universel
    Isabelle

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merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !