La lecture de Nicole.S: " Toutes ces vies jamais vécues" de Anuradha ROY...l'absence.....

 

Ceci est le roman d'une émancipation : celle de l'Inde des années 20 d'abord qui ne supporte plus la colonisation britannique, celle d'une femme indienne appartenant à une certaine bourgeoisie ensuite. Car Gayrada est enfermée dans un mariage qu'elle n'a pas voulu, elle qui rêvait de voyages et de s'accomplir dans l'art. Elle est enfermée aussi dans la maternité car si elle aime son fils Mychkine, qui est par ailleurs le narrateur du roman, il ne lui laisse pas la possibilité de se consacrer à la peinture. Alors elle décide de tout abandonner pour suivre Walter Spies, son ami peintre homosexuel qui l'emmène sur l'île de Java.

Mais il sont rattrapés par la montée du nazisme qui touche également les Indes. Allemand et homosexuel, Walter est interné dans un camp. Et Gay, qui survit grâce à ses toiles, tombe gravement malade.
Le récit de Mychkine transcrit l'abandon de sa mère pour l'art et celui de son père pour la politique indépendantiste. Il permet également de découvrir des artistes comme Walter Spies ou Maitreyi Devi et des activistes indépendantistes indiens.
Nous découvrons avec ce roman l'inde des années 20 aux années 40, période à laquelle elle se battait pour son indépendance et ensuite l'impact que la deuxième guerre mondiale a eu sur le pays.
Mychkine, le personnage principal, revient sur sa jeunesse et surtout sur le départ de sa mère qui l'a profondément marqué. 
Cette jeune femme était indépendante, artiste, mais étouffait dans cette vie guindée que peut avoir les épouses indiennes. 
Elle ne supportait pas le dédain de son mari pour sa peinture, un "passe-temps tout au plus", le regard des voisins qui l'empêchait de vivre librement, de danser comme bon lui semblait dans le jardin, la peur du qu'en dira-t-on et des ragots. 
La situation de la femme indienne est donc plutôt bien décrite, la réalité est palpable, comme le besoin viscéral de la jeune mère de vivre pleinement sa vie et de ne pas passer à côté, le souhait de s'épanouir et de vivre de son art.

J'ai beaucoup apprécié le personnage de Walter Spies qui, j'ai découvert grâce à la postface, a réellement existé. Cet artiste semblait planer, venu d'un autre monde, généreux, sensible, s'intéressant à tout et ne voyant le mal nulle part.
J'ai été touché par l'innocence de ce petit garçon, son attente et sa tristesse. Il a de très belle description de sa mère, femme vivante, évanescente et enjouée, jeune femme qui parlait aux arbres, aux tenues colorées, aux bijoux teintant sur son passage.

L'avis du Délirien: ⭐⭐⭐

La première partie est une accumulation de digressions. le personnage remonte le temps, son esprit passe d'une réflexion à une autre. 
La seconde partie est conçue autour de lettres de sa mère. 
Mon bémol : j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs.

A propos de l'auteure: 

Anuradha Roy est née en 1967. Après des études à Calcutta et à Cambridge, elle a travaillé comme journaliste pour plusieurs quotidiens et magazines indiens. Elle codirige actuellement la maison d’édition Permanent Black et réside à Ranikhet, petite ville nichée à 2 000 mètres dans l’Himalaya.

Sous les lune de Jupiter, son troisième roman, a remporté le prestigieux DSC Prize for Fiction 2016 et a concouru pour le Man Booker Prize 2016.
Ses cinq romans sont publiés chez Actes Sud, dont Toutes ces vies jamais vécues (2020). Le Cheval en feu est son dernier roman.

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