La lecture de Gisèle.D: "La maison de poupée" de Ibsen

 

La pièce, "Une maison de poupée", se compose de 3 actes et se joue à huis clos dans la maison des Helmer. Elle se déroule en un peu moins de 3 jours.

Nora Helmer, mère de 3 enfants est l’épouse de Torvald. Elégante et joyeuse elle semble être soumise à son époux, elle fait tout pour lui plaire et se conforme aux conventions et à la mentalité du XIXème siècle.

Dans ce milieu bourgeois tout semble joyeux et parfait. Il ressort une atmosphère de nid douillet dans les préparatifs de Noël. Torvald, banquier droit et honnête vient d’avoir une promotion dont Nora est ravie.

 « Petit écureuil, petite alouette » voici les surnoms dont il affuble sa femme dans une pression constante sur son rôle d’épouse et de mère.

Cependant, cette apparence est trompeuse car Nora cache un lourd secret… Quelques temps auparavant le docteur Rank, ami de la famille, a décelé chez Torvald une grave maladie pulmonaire, pour le sauver Nora va prendre une décision lourde de conséquences….

 Consciente de la portée de son acte fait par amour pour son mari, elle pense que si son secret était découvert elle serait pardonnée, tout au long de la pièce elle s’efforce toutefois de tout lui cacher……

 

Avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

J’ai eu un réel plaisir à la lecture de cette pièce. L’écriture est fluide et efficace tout en étant dense. Les personnages attachants sont bâtis autour de mensonges et de secrets qui ne demandent qu’à être révélés. L’intrigue qui aboutit à l’émancipation de cette femme est haletante.

Sous l’image de cette femme enfant dépendante de son mari se cache en fait son besoin de s’affirmer et de se libérer du rôle que la société, de l’époque, attribue aux femmes. A l’heure où une femme n’a pratiquement aucun droit, Nora en cherchant à gagner de l’argent se sent libérée de sa condition ;

«…. mais c’était bien amusant de gagner de l’argent. Il me semblait presque que j’étais un homme »

Ibsen déconstruit progressivement l’illusion du bonheur conjugal basé sur la soumission de la femme.la transition de la maison paternelle où déjà Nora avait le rôle d’une poupée à celle de son mari souligne son absence d’autonomie.

 La terrible déception éprouvée par Nora devant l’attitude de Torvald lui sert d’électrochoc, laissant derrière elle son passé. Elle passe de cette femme poupée à une femme désirant choisir librement son destin.

Nora à  Torvald

« Je crois que je suis avant tout un être humain au même titre que toi…. Ou que je dois en tout cas essayer de le devenir »

On peut être surpris et peut être choqué par la fin brutale dans l’acte 3. Il faut alors se souvenir de la condition de la femme an XIX siècle, s’occuper du foyer, élever les enfants, n’avoir aucun droit et être considérée comme un simple faire-valoir.

A propos de l'auteur:


Poète et dramaturge, né en 1828, mort en 1906 en Norvège, Henrik Ibsen est considéré comme l'un des auteurs européens les plus importants. Ses différentes pièces sont régulièrement montées sur les scènes internationales. Très jeune, il a subi la faillite du foyer familial. Après des études chaotiques, il passe son baccalauréat mais connaît des années de pauvreté. Il écrit depuis longtemps quand il devient directeur artistique du Norske Theater de Bergen en 1851. Ses premières pièces ne connaissent pas le succès. En 1857, il prend la direction artistique du Théâtre National à Christiana. Mais il échoue à nouveau avec des drames historiques, issus du romantisme et de légendes nordiques, et perd son poste. Il pense alors au suicide.

 Déçu à la fois artistiquement par son pays pour le rejet de ses créations et politiquement puisque la Norvège et la Suède abandonnent le Danemark face à l'armée prussienne, il le quitte pour l'Italie et l'Allemagne. Il ne reviendra définitivement en Norvège qu'en 1891.

 

Dans cet exil volontaire, abandonnant son attirance pour le romantisme, il écrit des drames philosophiques comme Brand (1866), considéré comme une tragédie de l'idéalisme, puis Peer Gynt (1867), un drame initiatique. Vient alors la reconnaissance internationale qui va lui assurer en particulier sa sécurité financière.

 

S'ouvre alors la troisième période de son écriture dramatique, plus moderne, plus psychologique, à l'épreuve des questions de son temps, dont celle de la place de la femme dans la société moderne. Maison de poupée (1879), puis Les Revenants (1881) créent d'intenses polémiques. Répondant aux nombreuses critiques contre Les Revenants, il écrit Un Ennemi du peuple (janvier 1883), terrain de jeu et de confrontation des questions environnementale et politique avec la radicalité artistique. Dans Le Canard sauvage (1884), Hedda Gabler (1890), il montre des êtres frappés par l'hérédité, malmenés par leurs culpabilités face à leurs pulsions violentes.

 

De retour en Norvège, il écrit, en particulier, deux de ses chefs-d’œuvre, Solness le constructeur (1892) et John-Gabriel Borkman (1896), deux portraits de conquérants/coupables qui sont précipités dans la mort. À partir de 1900, frappé d'apoplexie, il n'écrit plus. À sa mort en 1906, la Norvège lui organise des funérailles nationales.


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