La lecture de Nicole.S: "Premier sang" de Amelie Nothomb...retour sur l'enfance.


On imagine aisément qu’en racontant son père récemment disparu, Amélie Nothomb répondait à une nécessité intime. 

Le livre évoque surtout l’enfance : la mère veuve et distante, les grands-parents maternels qui élèvent un jeune Patrick choyé. Tellement choyé que pour l’endurcir, on l’envoie dans la famille paternelle pour les vacances. Les murs du château du Pont d’Oye, demeure historique des Nothomb, dissimulent en effet une réalité peu rutilante. La famille, désargentée, vit dans un confort des plus sommaires et n’a pas les moyens de chauffer la bâtisse pendant les rudes hivers ardennais.

Patrick y retrouve cinq de ses oncles et tantes, à peine plus âgés que lui. Ils forment « une horde de Huns », misérables, vêtus de guenilles, et prêts à se battre entre eux pour un morceau de pain. Car la nourriture est rare chez les Nothomb. On manque d’argent et Pierre, le grand-père de Patrick, poète de son état, se sert toujours en premier et ne laisse que des miettes à son épouse, et les miettes des miettes à sa progéniture. Au Pont d’Oye, on pratique « le darwinisme pur et dur ». Il évoque également sa phobie du sang ( d'où le titre), découvrant qu'il s'évanouit à sa vue et termine avec cette terrible prise d'otages au Congo.

Mention particulière pour Pierre Nothomb, patriarche égoïste, poète grandiloquent, mais figure paradoxalement assez attachante. L’autrice renoue aussi avec une thématique dans laquelle elle excelle depuis ses débuts : l’écriture de l’enfance, de ses cruautés, de sa sauvagerie et de son extraordinaire appétit de vie. La jeunesse de Patrick au Pont d’Oye n’est pas sans rappeler celle d’Amélie, en Chine, telle qu’elle l’a racontée dans Le sabotage amoureux (Albin Michel, 1993).

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

Je n'avais pas lu de roman de Amélie Nothomb depuis longtemps et j'avoue que celui-ci m'a ravie!

Ce roman, écrit à la première personne est empli de sensibilité, porté par une écriture qui a le goût du mot juste et de la précision, chaque phrase étant centré sur le verbe dans une quête de simplicité qui donne beaucoup d'allant à un récit plein de vie et à l'humour exquis.

 Elle s'est glissée dans la peau de celui-ci, lui rendant ainsi la vie en lui donnant la parole, un bel adieu !

A propos de l'auteure:

Amélie Nothomb, née Fabienne Claire Nothomb en Belgique en 1966, est une romancière belge.
Elle est fille de l'ambassadeur de Belgique à Rome, et petite-nièce de l'homme politique Charles-Ferdinand Nothomb.
Amélie Nothomb passe ses cinq premières années au Japon, dont elle restera profondément marquée, allant jusqu'à parler couramment japonais et même à devenir interprète par la suite. Mais son expérience ne s'arrête pas là puisqu'elle vivra successivement en Chine, à New York, au Bangladesh, en Birmanie et au Laos, avant de débarquer à dix-sept ans sur le sol de Belgique, berceau de sa famille où elle obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles, et envisage un moment la carrière d'enseignante, passant et obtenant l'agrégation.
C'est en 1992, alors âgée de vingt-cinq ans, qu'elle fait son entrée fracassante dans le monde des lettres avec son roman "Hygiène de l'assassin." Elle enchaîne depuis les succès publics avec bientôt trente publications.
Amélie Nothomb a été définitivement consacrée en 1999 alors que "Stupeur et Tremblements" a été couronné du Grand Prix de l'Académie française et s'est vendu à 385 000 exemplaires. Ses romans sont depuis traduits en une quarantaine de langues.

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