la lecture de Geneviève.D, Marie Catherine.C: "A quoi rèvent les loups" de Yasmina KHADRA ou l'art de la manipulation...

« À quoi rêvent les loups » raconte le parcours assez effroyable d’un jeune algérois, Nafa Walid, à la fin des années 80. Nafa est d’origine très modeste et rêve de devenir acteur, en comptant beaucoup sur son charme naturel, et en négligeant complètement sa scolarité. En attendant de devenir célèbre, il se fait chauffeur de l’une des plus prestigieuses familles d’Alger, la famille Raja. Il découvre alors un univers totalement corrompu. 

Une nuit, le fils de la maison lui ordonne de faire disparaître le cadavre d’une adolescente, morte d’une overdose dans son lit. S'il refuse, c'est lui Nafa qui sera accusé de meurtre car ni la police ni la justice n'oseront s'attaquer à une famille aussi influente. 

Nafa réalise que les lois ne sont pas les mêmes pour les gens extrêmement fortunés et pour les gens comme lui, nés dans la Casbah. Terrorisé, Nafa obéit, mais il démissionne la nuit même. Il retourne vivre dans la Casbah, chez ses parents. 

Perdu dans cette Algérie inégalitaire, et désormais sans emploi, il prend le chemin de la mosquée pour se reconstruire, jusqu’au jour où l’imam l’invite à rejoindre une Formation politique, le FIS, qui travaille à instaurer un régime islamique en Algérie. Nafa pense redonner un sens à sa vie. 

Mais après s’être engagé dans des actions à visée sociale et de lutte contre la pauvreté, il est enrôlé par les fanatiques islamistes, et glisse inexorablement vers la violence, le crime et la barbarie… 

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

J’ai beaucoup aimé le style et l’écriture de Yasmina Khadra. 

Quelle poésie dans ses descriptions! au début tout du moins : « Ses doigts retournaient les feuillets dans un friselis délicat » 

« La voiture roucoula sur le cailloutis »

« Elle s’intéressa aux immeubles déguenillés qui défilaient à travers la vitre »

« Les terrasses remballaient leur convivialité »

« La route était engrossée d’une circulation chaotique »

« Le tonnerre ébranla la nuit dans un chapelet d’éructations » 

« Je redescendis vers la mer voir capituler le soleil » … 

La poésie cependant finit par laisser la place à l’horreur absolue, et l’on est stupéfait de voir comment les « vieux loups » sont habiles à manipuler les jeunes loups, cette masse de naïfs désœuvrés à qui quelques beaux discours font complètement tourner la tête. 

Yasmina Khadra décrit l’évolution tragique et sanglante de la société algérienne depuis la fin des années 80, et son récit , finalement, fait froid dans le dos. 

L’auteur: 

Pour ce qui est de l’auteur, je vous propose de vous référer au célébrissime critique littéraire Christophe B., lors de son analyse du roman « Les Vertueux », de Yasmina Khadra toujours.

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