La lecture de Nicole.S: "Tsunami" de Marc Dugain...Politique-fiction....

 

Sous le mandat du prochain président de la République qui navigue à vue dans un monde menacé par le réchauffement climatique et asservi au numérique, l’auteur croque une France révoltée et violente. Le narrateur du roman n’est autre que ce chef de l’État à venir qui nous donne à lire, chroniqués sur le vif, et émaillés de ses réflexions personnelles sur l’exercice du pouvoir, trois mois de son quotidien à la tête du pays. 

Fiction et actualité semblent alors miraculeusement fusionner pour un lecteur conquis.

Jeune et marié à une journaliste farouchement attachée à son indépendance, cet homme a fait fortune en créant une start-up de biotech qui a rendu possible, grâce à la génétique cellulaire, un rajeunissement de plus de 30 ans. Cette séduisante perspective de tenir l’âge en respect a conquis les électeurs. Aussi, au terme d’une campagne soutenue par les GAFAM, et grâce aux réseaux sociaux, cet homme étranger au sérail politique a investi l’Élysée.

Le voilà président ; les emmerdes commencent : sa dealeuse en cocaïne est arrêtée, les services secrets lui demandent l’autorisation de liquider une djihadiste de retour sur le sol français et sa femme le quitte pour son meilleur ami, lui laissant leur fille sur les bras ! « J’ai beau fouiller dans ma mémoire, je n’ai pas le souvenir de l’histoire d’un président père d’un enfant né d’une mère porteuse, conçu pour consolider le couple qu’il forme avec sa femme qui le trompe avant de le quitter. » 

Quant à Poutine, vieilli et malade, il est toujours là, embusqué, et bien décidé à rajeunir coûte que coûte pour continuer sa guerre contre l’Occident.

Adrénaline du pouvoir !

Rien n’arrête notre homme constamment sollicité par une vie personnelle houleuse et des obligations permanentes. 

Le pouvoir, qu’on dit aphrodisiaque, le galvanise : « Je prends plaisir à l’adrénaline du pouvoir, comme le coureur de fond aux endorphines. Je suis sur un ring et je ressens la magie de rester debout malgré les coups qui pleuvent. »  

Il veut réformer et envisage de supprimer le Sénat : « J’ai annoncé la liquidation de la Chambre des bourgeois balzaciens (…) pour lui substituer une Chambre virtuelle permettant à tous de voter sur tous les sujets d’importance. Une façon de connaître à tous moments l’état de l’opinion sous la forme d’un sondage continu… Je crée ainsi le cadre d’un référendum virtuel permanent. » Concomitamment, il entreprend une grande réforme écologique, imposant le bilan carbone contrôlé de chaque citoyen. Son « passe environnement individualisé » met tout le monde dans la rue…

Si on voit le président empêtré dans une vie personnelle aussi compliquée que l’exercice du pouvoir qui lui incombe douter et parfois même, fugitivement, se montrer humain, l’hôte de l’Élysée se reprend vite. 

Jamais, pour lui, de remise en question ou de pause dans l’action. Tel une locomotive qui se serait emballée, l’homme poursuit ses entreprises toujours plus avant, sans se retourner. Il n’est plus qu’une volonté, désireuse de façonner l’histoire et de se démarquer de ses devanciers : « Je n’ai pas été élu pour faire semblant, ni pour jouer la montre en attendant une hypothétique réélection. (…) Je ne vais pas me laisser endormir comme mes prédécesseurs. » 

C’est une blessure, remontant à l’enfance et dont il a parfaitement conscience qui décuple son énergie : « On a souvent dit qu’une des choses qui liait les présidents successifs sous la Ve République, c’était leur relation désastreuse avec leurs pères respectifs. » 

Notre Narcisse veut donc, lui, être « le père de la nation », sa mission est de veiller sur les Français que son épouse qualifie de « masse immature et infantile ». Il incombe à la figure paternelle tutélaire qu’il veut par-dessus tout incarner de guider des gens qui  « ne s’aiment pas vraiment entre eux mais attendent de l’État qu’il les force à se respecter. »

« Nous nous croyons seuls au monde. L’individualisme forcené, le gaspillage, le mépris du vivant et des morts qui ont façonné nos paysages nous mènent au bord du gouffre et nous continuons à espérer béatement (…) alors que la vie disparaît tout autour de nous sans autre fracas que celui de notre inconséquence. » 

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

J'ai aimé ce court "roman" de politique fiction....On peine pour ce président qui a envie d'y arriver! 

On essaie de le sortir de ses imbroglios parfois cocasses: drogue, argent caché, double vie....

Et le "tsunami" ? me direz-vous , Chut....vous verrez.....

A propos de l'auteur:

Marc Dugain né en 1957 au Sénégal est riche d'expériences de vie très différentes : il passe un diplôme d'expert-comptable, mène des expériences entrepreneuriales dans la finance et l'aéronautique avant de se lancer dans l'écriture à l'âge de 40 ans avec un premier roman   "La chambre des officiers" sur les gueules cassées de la Grande Guerre portée à l'écran en 2001. 

Il se consacre depuis à l'écriture et à la réalisation. Il fait partie des romanciers français les plus reconnus.

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