La lecture de Nicole.S: "Le silence " de Don Delillo: serait-ce le black-out total, la fin des haricots ?


Jim et sa femme Tessa, embarqués sur le vol Paris-New York, espèrent arriver à temps pour assister avec leurs amis au dernier match de la saison de football américain. Mais, à « une pub du coup d’envoi » du super Bowl LVI de l’an 2022, l’avion doit se poser en catastrophe et, chez Diane et Max, un étudiant de Diane qui les attendent à Manhattan, l’écran TV devient noir tout comme ceux de leurs téléphones et ordinateurs.

Plusieurs points forts dans ce livre:
  • brutalement, le Net n’existe plus… Que vont pouvoir se dire désormais ces humains qui depuis des années ne vivent que par écran interposé, le nez baissé sur leur smartphone, habitués à se référer à Google à la moindre interrogation, sans chercher à retenir les réponses ?
  • L’inutilité de la masse d’informations fournies, illustrée par les écrans bilingues qui obsèdent Jim dans l’avion : température extérieure, température à Paris et à New York, vitesse, altitude, distance restante, tout ce qu’il lui importe peu de savoir.
  • La brève découverte de l’existence de vrais voisins « On s’est salués de la tête (…) Non, je ne lui ai pas dit qu’il était interdit de fumer dans l’immeuble ».
  • Quelques jolies formules comme celle qui décrit l’atterrissage forcé comme « un agrégat chancelant de métal, de verre et d’existence humaine tombé du ciel ».
  • La brièveté du roman.
"Ravage" de Barjavel (parue en 1943) qui évoque la disparition totale de l’électricité comme ici celle d’Internet illustrerait à mon sens beaucoup mieux la phrase d’Einstein répétée à l'envie dans le roman : « J’ignore de quelles armes usera la troisième guerre mondiale mais la quatrième se fera à coups de bâtons et de pierres » et on peut ajouter de …pandémie !

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

Je n'avais encore jamais lu de livre de Don Delillo, pourtant un des grands noms de la littérature américaine du XX-ème siècle.

La couverture du livre m'a happée: un Iphone serait-il à l'origine de tout ?

Ce livre m'a un peu désemparée, lorsque je l'ai terminé (très vite en 3 heures il était lu...) je n'ai pas su quoi en penser !
Je me suis laissé le temps de la digestion, et ce livre est en fait assez effrayant.....

Comment en est-on arrivé là, on ne se parle plus, on ne s'écoute plus, chacun vit dans sa bulle !

Alors si un jour cela arrive, j'espère que je ne serai pas confinée parce que c'est aussi une histoire de confinement dans ce huis-clos avec ce professeur de physique obsédé par Einstein.

Ce court roman, m'a donné envie de livre d'autres livres de Delillo.

A propos de l'auteur:
Donald Richard DeLillo est né dans le Bronx en 1936 de parents émigrés italiens originaires des Abruzzes. 

Étudiant à l'université jésuite Fordham, il n'y étudie « pas grand-chose » et se spécialise en « arts de la communication ». Il prend ensuite un travail dans la publicité, faute d'avoir trouvé quelque chose dans l'édition. Il publie parallèlement quelques nouvelles dans lesquelles l'influence du cinéma européen, et en particulier celle de Jean-Luc Godard, est très sensible. Il quitte son poste en 1964. Il ne cherchait pas, dit-il, à se consacrer à l'écriture, mais simplement à ne plus travailler.

En 1971 paraît son premier roman, Americana. Le personnage principal est un cadre jeune et beau travaillant à la télévision, David Bell.  DeLillo utilise son expérience personnelle, bien davantage qu'il ne le fera dans ses romans ultérieurs. Cependant, certains thèmes repris au cours de ceux-ci sont déjà abordés – ainsi l'idée d'une quête existentielle, notamment dans End Zone (1972) et Great Jones Street (1973), ses deux romans suivants.
Il a écrits un vingtaine de livres et pièces de théâtre, tous édités en France chez Actes Sud.

Partager votre avis dans la section "Commentaires" juste en dessous.

Commentaires