La lecture de Mariette, Patricia et Yves: "Bahia de tous les saints" de Jorge Amado: ce n'est pas la Baie attitude.....

 

Cycle Amérique du Sud

Brésil

"Bahia de tous les saints" raconte les aventures d’Antonio Balduino, un jeune noir sans le sou, dans le Brésil des années 1930. Il est l’enfant du morne (relief d’un littoral, une colline) d’où il regarde la ville amoureusement, la capitale de l’Etat brésilien nommé Bahia. 

Il est élevé par une vieille tante, qui l’aime mais rudement, elle est fatiguée la dame qui n’est pas maman. Avec deux admirations : Jubiaba le sorcier, et Zé la Crevette, le vaurien. Deux persécutés donc, mais deux hommes libres et en écoutant leurs récits héroïques, il oublie la tradition de servitude, veut devenir un homme libre. 

Le gamin des rues devenu boxeur professionnel, veut en découdre avec la vie. Jeune homme fougueux et invincible, Balduino est un personnage attachant qui cherche à échapper à sa condition sociale. 

Après maints épisodes qui pourraient être ceux d’une série télévisée, il s’accomplit dans le syndicalisme. Bahia de tous les saints est avant tout un roman social du Brésil des années 1930. Il traite du racisme à l’époque où l’esclavage n’est pas si lointain, mais aussi de l’exploitation de tous les hommes, noirs, métisses ou blancs, et de toutes les femmes, bonnes à enfanter ou à se prostituer.

« Cité religieuse, cité coloniale, cité nègre de Bahia, églises somptueuses chamarrées d’or, maisons bourgeoises décorées d’anciennes faïences bleues, taudis, nids à misère, rues montantes pavées de pierre, tout cela appartient à Baldo ». 

« Que Dieu me garde, avoir le trône, patron ou chef/Peur de mes frères ou bref, Jésus, Marie, Youssef ». 

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

Bon, alors sur cette base, on devine ce que pourrait en faire un Emile Zola ou un Victor Hugo. Et on pleurerait des larmes de sang dès la fin du chapitre un, et au dernier chapitre, blam! écrabouillés par le déterminisme et désireux de se nettoyer la psyché à grands coups de Chardonnay ou de vin chaud. 

Vous notez que c’est pas la même que si Coluche chantait « Misère c’est toujours sur les pauvres gens que tu t’acharnes obstinément ». Amado avait beau être communiste, et raconter les histoires de son peuple, le métèque, le mélangé, il raconte ses histoires avec une verve insolente et débridée, avec humour et sensualité, avec des parfums, des odeurs, des corps et des peaux, et des corps et des peaux qui se battent et font l’amour, avec des personnages qui n’oublient jamais de se nourrir, et d’y prendre du plaisir. 

A propos de l'auteur: 

Un des plus grands auteurs brésiliens, Jorge Amado est né à Itabuna (1912- 2001) au sud de l'État de Bahia dans une fazenda. Il arrive en 1931 à Rio de Janeiro pour y étudier le droit. 

Son œuvre, traduite en 49 langues, se déroule le plus souvent dans les bas-fonds des communautés noires et mulâtres de la province de Bahia où il a presque toujours vécu.

Athée, il devient membre du Parti communiste brésilien (PCB). Il commence comme militant communiste de 1941 à 1942, mais il doit s'exiler en Argentine et en Uruguay. Le parti communiste déclaré illégal,  Amado choisit l'exil avec sa famille et se réfugie en France. Il demeure à Paris jusqu'en 1950, période durant laquelle, sa femme, Zélia Gattai obtient un diplôme de littérature à la Sorbonne. Puis il part en Tchécoslovaquie jusqu'en 1952. Il voyage ensuite en Union soviétique. En Europe, il rencontre Picasso et Aragon.

C'est l'auteur le plus adapté à la télévision brésilienne, et au cinéma, avec Tieta d'Agreste, Dona Flor et ses deux maris, et Gabriela, girofle et cannelle.

En 1984, il a été nommé commandeur de la Légion d'honneur par le président François Mitterrand.










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