La lecture de Nicole.S: " Frère d'âme" de David Diop...Le chemin des drames.

"Frère d’âme" est sorti pour la rentrée littéraire 2018, période du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. C’est donc en hommage aux 130.000 tirailleurs sénégalais qui lutteraient pour la France, que David Diop, nous offre un roman court, mais d’une grande puissance.

Alfa Ndiaye et Mademba Diop sont des amis au Sénégal, "presque frère", bien avant la guerre où ils sont partis ensemble de leur petit village pour défendre la France.

Dans la terreur et la boucherie de tranchées Mademba est blessé mortellement. Alfa refuse d'abréger ses souffrances sur le champs de bataille, parce que c'est son "plus que frère". Ce qui le rendra littéralement fou, fou de rage, de vengeance. 

Et ce besoin de vengeance contre les" yeux bleus" qui ont tués son presque frère, le poussera à devenir ce que l’armée française attend de lui, un sauvage qui terrorise et tue ses ennemis emportant avec lui le trophée  de la main ensanglantée de sa victime.

Rongé par la culpabilité, Alfa rentre dans une folie meurtrière. Chaque jour, il traque l’ennemi aux « yeux bleus » les allemands d'en face et compte bien ramener la main de celui qui a mis fin aux jours de son « plus que frère ». Bientôt, il devient aux yeux de ses camarades aussi bien « toubabs » que « chocolats » un « dëmm », un dévoreur d’âmes. 

De qui doit-il se méfier désormais ? Des ennemis, de ses « camarades » ou bien pire de lui-même ?

La deuxième partie du roman se passe à l'arrière ou Alfa a été "relégué". Et là, David Diop nous entraine au Sénégal en nous contant des coutumes, des contes ancestraux, l'enfance des deux "plus que frères", leurs premiers amours.

Magnifique roman qui encore une fois raconte l’atrocité de la guerre, l’atrocité et l’inhumanité de la Première Guerre mondiale. 

L’incessante répétition de « Par la vérité de Dieu », ou bien encore « Mon plus que frère » avec l’accent africain forcé ou non, je ne sais pas, du narrateur, fait que nous avons l’impression lors de l’écoute d’être face à Alfa Ndiaye tirailleurs sénégalais. 

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐

J'ai aimé l'écriture très originale de David Diop que je découvrais. 

Ce court roman est une critique également de la situation de ces tirailleurs sénégalais, qui avant d’être soldats ou bien encore hommes n’étaient aux yeux de leurs officiers qu’une horde de sauvages armée de leur fusil et d’un coupecoupe.

Et j'ai eu honte de notre passé colonial ! 

Du livre au cinéma et au théatre:

« On va faire le film, c’est prévu. On a acheté les droits. Mais je ne pourrai pas le jouer, je suis trop vieux. Alfa a 20 ans, j’en ai 40. Donc ma seule manière de traverser ces émotions en tant qu’acteur, c’est la lecture. » Omar Sy lit le livre au Festival d'Avignon ..... 

     


A propos de l'auteur:

David Diop est un écrivain français d’origine sénégalaise. Il est agrégé de lettres et Maître de conférences en littérature française du 18e siècle à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour depuis 2014.

Ses publications portent sur les représentations européennes de l’Afrique et des Africains au siècle des Lumières. 

"1889, l'Attraction universelle", paru en 2012 aux éditions L'Harmattan dans la collection "Roman historique", est son premier roman.

En 2018 parait son deuxième roman aux éditions du Seuil, "Frère d'âme", Il remporte le prix Goncourt des Lycéens en  2018 et le prestigieux Booker Prize international. 

Barak Obama a encensé le livre !


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Commentaires

  1. Complètement d'accord. David Diop avait bien mérité le Goncourt des Lycéens. Eveiller les consciences sur ces tirailleurs sénégalais embarqués dans une guerre qui ne les concerne pas. Sujet fort.
    Isabelle

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