La lecture de Catherine.L, Nicole.S: "Luz ou le temps sauvage" de Elsa Osorio: la dictature tue...

Cycle Amérique du Sud

Argentine


Entre 1976 et 1983 l'Argentine survit sous la dictature militaire soutenue, à la mode franquiste, par l’Église catholique. La répression s'inspire des techniques de la guerre sale d'Algérie : enlèvements et tortures. Nombreux furent les 'disparus'.

Parmi les jeunes femmes emprisonnées, certaines étaient enceintes : avant de 'disparaître, elles eurent le temps d'accoucher et de donner naissance à un bébé qui leur fut enlevé et qu'une bonne famille catholique s'empressa d'accueillir en effaçant au passage toute trace de son identité d'origine.

Le plan était organisé et on estime que plus de 500 enfants ont reçu ainsi une nouvelle identité.

La génération des parents a disparu et depuis, les Grands-mères de la Place de Mai tentent de retrouver leurs petits-enfants et de leur redonner leur véritable filiation.

Avec "Luz ou le temps sauvage", c'est l'histoire d'une de ces enfants volés que nous conte Elsa Osorio.

Luz Iturbe est une jeune femme de 20 ans, argentine, amoureuse et heureuse. 

Cependant, depuis la naissance de son fils, elle ressent comme un vide, au fond d'elle-même. Dès l'instant où Juan vit le jour, la jeune maman fut prise d'une peur panique d'être séparée de son fils. D'où vient donc ce traumatisme? 

Luz va ainsi commencer à mener l'enquête sur ses origines. D'où vient-elle? Elle va développer des doutes sur ses liens avec sa mère, Mariana, et son grand-père, le Général Dufau qui eut une importance capitale pendant la dictature militaire.  

« Mais il n’y a pas d’amis, d’affections, de fidélités, il n‘y a rien qui résiste à la torture. » 

Ses recherches la mèneront dans un café madrilène, face à Carlos Squirru, un homme qu'elle rencontre pour la première fois mais à qui elle a tant de choses à dire. Elle va lui exposer l’ensemble de sa quête d’identité, qui lui aura fait découvrir que l’homme et la femme qui l’ont élevée pendant son enfance n’étaient pas ses vrais parents, et que derrière ce mensonge se cache une terrible vérité.

« Tu ne crois pas que les grands experts en révolution que vous étiez auraient pu se demander s’ils avaient le droit d’exposer un enfant au risque de disparaître, comme vous-mêmes, de se voir voler votre identité. Ces gosses n’ont pas eu, comme leurs parents le choix de courir ce risque en fonction telle ou telle idéologie. […] C’était la morale révolutionnaire ou du pur égoïsme? »

Autant dire que le sujet est passionnant et éclaire d'un jour particulier l'histoire récente de l'Argentine.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

Une très belle découverte !

Au début la construction du livre est déroutante. En effet l'auteur utilise des unités de temps différentes avec de nombreux personnages. la structure du récit est telle que le prologue donne une part du mystère. Elle a retrouvé son père exilé à Madrid. Tout au long du roman, Carlos et Luz commentent donc - en italique- le déroulement des faits. 

Mais après quelques pages, on comprend vite le but de l'auteur: le passé influencera bien évidemment le présent de Luz.

J'aime toujours autant ces histoires dans l'histoire, et la redécouverte de ce pan de l'histoire de l'Argentine est tellement choquante !!!

J'en avais souvent les larmes aux yeux.

Du livre au théatre:


A propos de l'auteure:
 

Née à  Bueno Aires en 1953

Elsa Osorio est née à Buenos Aires en 1953 où elle réside actuellement, elle est diplômée en littérature.
Elle a vécu la dictature militaire puisqu'elle avait une vingtaine d'années.

Elle a écrit des scénarios pour le cinéma et la télévision.

Elle anime des ateliers d'écriture et participe activement à la défense des Droits de L’Homme. Son œuvre aborde notamment les années noires de la dictature en Argentine.

Son œuvre a obtenu, entre autres, le Prix Amnesty International.


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