La lecture de Nicole.S: " Un amour grec" de Zoé Valdès "hasta la victoria, siempre"

Zoé Valdés, cubaine en exil,  raconte son île et ses misères, ses grandeurs et ses décadences, le dedans et le dehors, l’exil et la survie. Un amour grec nous introduit par la petite porte d’une grossesse non désirée et très mal vue dans ce que la société cubaine a pu faire de pire et de meilleur.

Zé l’adolescente, la femme, la fille, la mère, anime les rues de sa ville, les appartements miteux, à la manière d’un feu follet. Zé, courageuse inconsciente, chez qui les emprunts à la biographie de Zoé ne sont pas qu’une idée. Zé, enfant femme des rues de La Havane, amoureuse d’un marin grec de passage – pas même un matelot, mais le mousse du navire ! -, Zé et ses amours protégés par Osiris, la prostituée du quartier, Zé, fuyant un père violent, Zé toujours, allant chercher refuge chez une tante enseignante, intellectuelle discrète, prête à accueillir, aider, accompagner. Zé, élevant son fils dans un cocon de femmes, Zé mère d’un petit prodige de la musique, salué par le régime, acclamé à l’étranger. Zé, femme, de retour sur les traces de son passé, visitant l’Acropole, les pieds dans les eaux de la Méditerranée, le cœur à Cuba.

"Là-bas, à La Havane, plus qu’en tout autre endroit de l’île, la violence, qu’elle qu’en soit la forme, a toujours été silencieuse. Le silence, ça permettait de tout cacher – tout le monde mentait -, parce que c’était une évidence pour tous : de pareilles histoires ne pouvaient pas exister dans la « merveilleuses société » de tous ces barbus violents, de ces guerilleros qu’on appellerait aujourd’hui des terroristes ; là-bas, rien ne se produisait jamais puisqu’on l’empêchait par l’obéissance, c’est-à-dire par le silence obligatoire et imposé."

Zé incarne avec une spontanéité, un naturel, qui sont sa force autant que sa faiblesse, une vie qui refuse de se laisser enfermer, un appel à la liberté, une lecture du monde qui s’extrait des codes et carcans imposés. 

Je me suis souvenue qu’à La Havane, quand j’étais jeune, j’allais m’asseoir toute seule sur le mur du Malecon ; là, j’imaginais celle que je suis devenue aujourd’hui, celle que je serai quand j’aurai l’âge que j’ai maintenant. Et me voilà. Voilà ce que je suis, une femme seule. Seule. Une parmi les autres.

L'avis du délirien: ❤❤❤

J'ai aimé ce livre qui plonge dans la vie politique de Cuba, la corruption du gouvernement, les compromissions, le rôle tellement contesté des femmes dans la société. 

On y perçoit néanmoins une lueur d'espoir, la culture et les intellectuels semblent moins muselés, il apparait un début d'ouverture au monde justement par la culture, la musique...

J'ai aimé ce portrait de femme combative, déterminée, l'amour de la mère et de la femme capable de bousculer les frontières.

Je suis allée à Cuba, il y a au moins 30 ans et ce livre m'a donné envie d'y retourner, quand nous pourrons de nouveau voyager......

A propos de l'auteure: 

Romancière, poète et scénariste, Zoé Valdés est née le 2 mai 1959 à La Havane, l’année même où Fidel Castro prit le pouvoir à Cuba. 

En janvier 1995, après la publication en France de son roman, Le Néant quotidien, qui décrivait la grande dépression cubaine de ces années-là, elle est contrainte à l’exil, pour insoumission au régime castriste, accompagnée de son conjoint, le réalisateur Ricardo Vega et de sa fille, Luna. 

Elle avait déjà vécu en France puisqu’elle faisait partie de la délégation cubaine à l'UNESCO (1983-1988), puis de l'Office culturel de Cuba à Paris. Elle a aussi dirigé une revue cinématographique, Cine cubano . 

Elle réside actuellement en France et bénéficie de la double nationalité, française et espagnole. Son premier livre écrit hors de Cuba en 1998 s’intitule Café nostalgia, un café qui existe vraiment à Miami, lieu d’exil obligé des Cubains, et qui a donné son nom à un groupe de musiciens qui enregistra la bande originale de ce roman afin que l’on puisse danser en lisant ou inversement. 


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