la lecture de Nicole.S: "Trois femmes puissantes" de Marie Ndiaye

Roman en trois parties, retraçant des tranches de vie de femmes, luttant contre la morosité, la fatalité et la résignation. On y trouve deux problématiques: la domination masculine et les rapports France-Afrique.
Nora revient en Afrique après de nombreuses années, pour répondre à l'appel de son père, laissant un métier d'avocate en France et une famille recomposée derrière elle, pour replonger dans le passé et les souffrances de l'enfance. Enfant mal aimée, femme mal mariée, elle se heurte à l'abnégation d'un petit frère en prison, et au despotisme d'un père pourtant déchu de sa superbe de jadis.
Fanta, professeur de lettres dans un lycée francophone en Afrique, a suivi son mari, en quête de jours meilleurs en France, où elle devient pourtant cette "femme étrangère", rivale d'une belle-mère dévorante, dans une banlieue grise.
Khady Demba, 25 ans, veuve d'un mari à qui elle n'a pu donner un enfant, se voit virer de sa maison par sa belle-mère et se lance dans les chemins perdus de l'immigration et de l'indépendance.
L'une, mal aimée de son père, cherche à venir en aide à son frère. L'autre, mal aimée de son mari, demeure comme une rose sous cloche, perdant peu à peu les pétales. Seule la figure de Khady reste un peu plus indépendante et libre, mais ne le devient que suite à la perte de son époux.

Ces trois femmes puissantes sont des figures contemporaines et sincères. Néanmoins on regrette qu'une fois encore, il semble que l'on ne nous dépeigne que des combats de femmes qui ne puissent être "puissantes" sans le "rapport à..."
Ici les femmes se défendent, certes, mais toujours dans ce rapport de miroir vis-à-vis des hommes qui nuit à toute espèce de devenir personnel.

Sur le fond la première et surtout la troisième histoire ne sont pas inintéressantes, loin de là, mais n'ont pas bénéficié du traitement qu'elles auraient mérité ; le roman se noie alors dans sa grosse partie (la deuxième histoire) et provoque un ennui fatal.
Ce qui est d'autant plus dommage que le récit concernant Kadhy Demba est le plus rythmé.

L'avis du Délirien: 

"Trois femmes puissantes" est une déception, n'ayons pas peur des mots, à la hauteur des espoirs placés en lui par le  prix Goncourt 2009 qui l'a récompensé ! 

L'écriture est un autre point décevant: de longues phrases sans fin, qui gênent la compréhension, en phrases qui sont laissées en suspens, l'auteur a rédigé un roman franchement pénible à lire par moment.

Englué dans un style lourd et agaçant, chargé d'une seconde partie ennuyeuse et trop longue, déséquilibré, le roman de Marie Ndiaye se révèle être une œuvre poussive.

Mais bon...une pointe positive néanmoins: la réussite du livre est quand même de nous proposer des personnages très réussis, d'une sensibilité fine et intense, dont la personnalité a été bien retranscrite. Cette remarque positive ne concerne d'ailleurs pas que les trois femmes mais aussi tous les personnages secondaires.

Marie Ndyaye a dit lors de la remise de son prix: 
« J'ai construit ce livre comme un ensemble musical dont les trois parties sont reliées par un thème récurrent. Ce thème, c'est la force intérieure que manifestent les protagonistes féminins. Norah, Fanta, Khady sont reliées par leurs capacités communes de résistance et de survie »
J'avais bien compris, mais mon dieu, que la lecture fut difficile....il m'avait pourtant été chaudement "recommandé" par mon amie Isabelle de V !

A propos de l'auteure:

Marie NDiaye, née le 4 juin 1967 à Pithiviers dans le Loiret, est une femme de lettres française. 
Née de mère française et de père sénégalais, elle est la sœur de l'historien Pap NDiaye (1965). Elle est l'épouse de l'écrivain Jean-Yves Cendrey (1957), avec lequel elle a trois enfants.
Son père quitte la France pour l'Afrique alors qu'elle n'a qu'un an. C'est donc sa mère, professeur de sciences-naturelles, qui élève Marie et son frère.
Elle a fait des études de linguistique à la Sorbonne et a obtenu une bourse de l’Académie de France pour étudier à la Villa Médicis, à Rome. Marie NDiaye s’est mise à l’écriture très tôt, vers l’âge de douze ans. 
À dix-sept ans, elle publie son premier roman, "Quant au riche avenir". Son roman "En famille" connait du succès lors de sa publication en 1990 et la consécration suit en 2001 avec le roman "Rosie Carpe" qui lui vaut l’obtention du Prix Femina. En 2009, elle obtient le prix Goncourt pour "Trois femmes puissantes". 
Si Marie NDiaye est avant tout une romancière, elle a aussi écrit pour le théâtre, notamment "Papa doit manger", pièce qui fait partie du répertoire de la Comédie Française. 

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Commentaires

  1. J’aime l’écriture de cette écrivaine. Pourtant je n’ai pas lu son prix Goncourt (je les boude en général, car souvent déçue) et si j’en juge ton billet, tu me donnes raison. mjo

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merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !