La lecture de Nicole.S: "Tant qu'il y aura des cèdres": de Pierre Jarawan: Liban d'hier et d'aujourd'hui ...

Samir est né en 1984 en Allemagne. Ses parents, Brahim et Rana, chrétiens, ont fui quelques années plus tôt leur pays d’origine en feu, le Liban. 
Ils ont posé leurs valises en Allemagne en 1983. Un premier accueil leur a été assuré dans un camp de réfugiés. Avec eux, il y avait Hakim, le meilleur ami de Brahim, fils de luthier, musicien, musulman. Lui, bénéficiera du droit d’asile. Il élève seul Yasmin, sa fille de deux ans. Il obtiendra aussi un permis de séjour illimité, un logement social, un permis de travail et accédera à un emploi dans une menuiserie. 
Pour Brahim et Rana, le parcours sera plus compliqué mais à force d’apprentissage, ils réussiront. 
Brahim, qui a appris l’allemand dans les livres, sera interprète pendant que Rana réalisera des travaux de couture. Les deux familles exilées se retrouveront dans le même immeuble et partageront leur intimité jusqu’au jour où, Brahim, totalement adulé par son fils, disparaîtra.

L’enfant n’aura alors que huit ans, il sera pourtant marqué à vie par cet événement. Plus grand, il se lancera dans un véritable parcours du combattant sur les traces de son père, à moins que ça ne soit de tout un pays.
Alternant entre le moment où les épisodes sont rapportés et celui où ils sont vécus, le récit du narrateur, Samir, s’articule autour de quelques dates clefs : 
  • au printemps 1983, les chrétiens Rana et Brahim el-Hourani, avec leur ami musulman Hakim et sa fille Yasmin, s’enfuient de Beyrouth en flammes et se réfugient en Allemagne ; 
  • en 1992, au moment où Samir fête ses 8 ans, son père, Brahim, disparaît sans laisser de traces ; 
  • en 2005, Samir, muni d’une photo où son père pose à côté de Bachir Gemayel et du journal de bord qu’il avait tenu, entreprend un voyage au Liban dans l’espoir de le retrouver ou, tout du moins, de ­comprendre les raisons et les conditions de son absence.
Le roman, qui ­s’apparente à un film policier avec le secret comme toile de fond, peut alors connaître son dénouement. 
Ce qui était marqué du sceau du mystère, depuis la dimension cachée des histoires que Brahim racontait à Samir – les aventures d’Abou Youssef et d’Amir, son dromadaire doué de parole, d’Ishak le bouvier et de son rhinocéros imbattable aux cartes – jusqu’à la vraie raison de sa fuite en Allemagne et de sa disparition en passant par son travail à l’hôtel Carlton à Beyrouth, l’argent prétendument envoyé à la grand-mère malade ou les conditions de la mort de la mère de Yasmin,  tout cela fait désormais sens. 
Ce qui empêchait Samir de se construire, d’assumer sa filiation tronquée et de se situer librement dans son appartenance au Liban se dissipe.

L’espoir peut renaître pour le Liban : « S’il mène à bien son projet, il changera ce pays. » Mais aussi pour Samir : « Peu importe quand tu reviendras. Ce qui compte, c’est comment. »
Il y aura toujours des cèdres.....

L'avis du Délirien: ❤❤❤
J'ai adoré ce roman, tant pour l'histoire de ce jeune homme en quête du père et surtout de ses racines  !
« Tant qu’il y aura des cèdres » est à la fois un roman à suspense, basé sur l’enquête de Samir pour retrouver son père, mais aussi un récit initiatique dans un pays complexe, dont je savais très peu de choses : le Liban. 
La société et le monde politique sont basés sur une appartenance à un des dix-huit groupes religieux qui peuplent le Liban (le Président est traditionnellement maronite, le Premier Ministre Sunnite), qui fait également face à l’afflux de réfugiés, palestiniens avec la création d’Israël, puis désormais syriens. Le pays est marqué par la guerre civile, les conflits avec Israël, et les nombreux assassinats politiques…

J'ai été touchée par la plume de l’auteur, délicate, pudique et poétique à la fois.

Une très belle découverte et un moment de lecture aussi passionnant qu’instructif ! 

A propos de l'auteur: 

Pierre Jarawan est auteur, poète, scénariste et modérateur à Munich où il vit. 
Fils d’un Libanais et d’une Allemande, il est né en 1985 à Amman en Jordanie. Il est champion de slam depuis plusieurs années en Allemagne. Son premier roman "Tant qu’il y a des cèdres" est paru aux Editions Héloïse d'Ormesson en 2020.


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Commentaires

  1. Bien que l'histoire manque un peu d'originalité (recherche d'un père), le livre offre une représentation assez juste des évènements douloureux qui ont jalonné l'histoire du LIBAN et de la résilience dont a toujours fait preuve son peuple.

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