La lecture de Nicole.S: "Le parfum des fleurs la nuit" de Leila Slimani: Seule la nuit au musée !


Leïla (qui veut dire « nuit » en arabe) elle a accepté la proposition d’Alina Gurdiel, directrice de la collection « Ma nuit au musée » chez Stock, de rester enfermée toute une nuit dans le musée de la Punta Della Dogana à Venise.

C'est écrit comme un cheminement, au fil des pensées qui émergent un peu en vrac dans ce contexte de solitude insolite. Ce petit ouvrage est un monologue introspectif sur l'enfance, le Maroc, son père, la famille, des rencontres avec des artistes, le métier d'écrivain, Venise, la bi appartenance culturelle, entre l'Orient et l'Occident, les voyages...

Des œuvres d'art finalement assez peu présentes, on retient surtout le "galant de nuit" arbuste qui a inspiré le titre mais dont on aurait aimé suivre plus loin les mystérieuses effluves....

Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l’intérieur », Leïla Slimani n’aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d’une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ?

"Je ne suis pas en prison. Je suis écrivain" Ahmet Altan

Son écriture est douce, pleine de tendresse, comme une force intérieure lorsqu’elle dit « écrire c’est jouer avec le silence c’est-à-dire de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle. ». 

On regrettera peut-être que le texte regorge de tant de citations (certes pertinentes et bien amenées) : leur surabondance alourdit parfois la lecture et donne une impression de besoin démonstratif, à mon sens inutile. Elle fait référence à plein d'auteurs: Tchekhov, Virginia Woolf, Emily Dickinson, Philip Roth, Etel Adnan, Salman Rushdie à qui elle dédit le livre…

"La culture arabe et notamment la poésie sont imprégnées par le nomadisme, par le fait de vivre au jour le jour. Les paysages de sable et de vent, qui sont le berceau de la culture musulmane, nous rappellent sans cesse que l’homme se fourvoie lorsqu’il croit laisser des traces."

On lui répétait cette phrase attribuée au Prophète Mohamed : « Sois dans ce bas monde comme un étranger ou un passant. Comme un voyageur qui fait une halte et compte ta propre personne parmi les gens des tombes. »

L'avis du Délirien: ❤❤

Un peu déçue, j'attendais un dialogue romanesque ou poétique avec les œuvres: Non, l’écrivaine ne parle quasiment pas d’art, très peu de Venise, et encore moins  de la Punta della Dogana. 

Les passages sur l’écriture (nombreux) sont peut-être plus subjectifs, notamment ceux où Leïla Slimani nous explique que l’écriture est une sorte d’envoutement, d’abandon total, de sacrifice social. Il me parait difficile d’adhérer à cette idée lorsqu’on lit peu après qu’elle a tellement voyagé, qu’elle en oubliait parfois dans quel pays elle dormait le soir, au fond de sa chambre d’hôtel. Est-ce être sacrifié et isolé socialement que de courir le monde d’aéroport en aéroport ?

J'ai eu aussi du mal à comprendre cette femme, (dont j'aime néanmoins l'écriture et ses romans) lorsqu'elle se dit solitaire, n'aime pas la foule...Or elle est sur tous les plateaux, fait sans arrêt la promo de ses ouvrages dans le monde entier. Bref, Leila Slimani est " l'écrivaine" à la mode ! comme dit mon amie Isabelle !

En revanche, ce livre m'a donné envie de lire d'autres livres dans la collection "Ma nuit au musée" 

Ephémère Auteur : Bernard CHAMBAZ  

Nu avec Picasso : Enki BILAL 

Il y a un seul amour : Santiago AMIGORENA 

La leçon de ténèbres : Léonor de RECONDO

Nuit espagnole : Adel ABDESSEMED , Christophe ONO-DIT-BIO

Marcher jusqu'au soir : Lydie SALVAYRE

Le peintre dévorant la femme : Kamel DAOUD

A propos de l'auteure:

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, est une journaliste et femme de lettres franco-marocaine. Elle a notamment reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman : Chanson douce.


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Commentaires

  1. Belle critique et bonne analyse de cette écrivaine pétrie de contradiction !
    mjo

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merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !