la lecture de Nicole.S: "Inconnu à cette adresse" de Kressmann Taylor: L'OVNI littéraire...

Martin Schulse, Allemand et Max Eisenstein, juif Américain dont la sœur tente de faire une carrière de comédienne à Vienne  sont associés et tiennent tous deux une galerie de peinture à  San Francisco, la galerie Schulse-Eisenstein. Une forte complicité les unit. Ce sont deux vrais amis, deux frères. Au début des années trente, Martin souhaite rentrer en Allemagne. Ils commencent une correspondance épistolaire le 12 novembre 1932. Elle s’achèvera le 3 mars 1934. Les deux amis s’échangeront près d’une vingtaine de lettres.

Les premières lettres sont chaleureuses, passionnées. Puis, en juillet 1933, Max exprime ses doutes et son malaise face à la situation politique en Allemagne .

"Qui est cet Adolf Hitler qui semble en voie d’accéder au pouvoir en Allemagne? Ce que je lis sur son compte m’inquiète beaucoup" écrit Max, inquiet, à son ami allemand. Martin, qui est fasciné par le dictateur, répond à son ami juif avoue un mélange d'admiration et de doute : "Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr (…). L’homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ? " Ceci était au début de leurs échanges.

Un jour pourtant sa décision tombe comme une sentence : "Ici en Allemagne, un de ces hommes d'action énergiques, essentiels, est sorti du rang. Et je me rallie à lui."

Une fracture irréversible se crée entre les eux amis ; Martin  demande à son fidèle ami de stopper  leur correspondance, en déclarant : "Le Juif est le bouc émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela ..."

Au nom de leur amitié, Max insiste. Il demande même à Martin d’aider sa petite sœur Griselle, qui est actrice dans un théâtre de Berlin... Quand les lettres qu'il adresse à Griselle lui reviennent, tout bascule irrémédiablement. Max répondra au Mal par le Mal...

Martin, pris dans l'engrenage national-socialiste, est-il en train de devenir un monstre? 

L'avis du Délirien: ❤❤❤

J'ai lu ce livre dès sa parution en France en 1999, j'étais libraire à l'époque. 

Ce fut une véritable claque, et là, il y a deux jours j'ai eu envie de le relire...C'est un cours récit lu en 45 mn, mais là encore une fois une claque aussi grande !

J'aimerai le faire découvrir au plus grand nombre !!!

Du livre au théâtre:


A propos de l'auteure:

Kathrine Kressmann Taylor, ou simplement Kressmann Taylor, est une écrivaine américaine d'origine allemande.

Après un diplôme de littérature et de journalisme de l’Université d'Oregon, en 1924, elle emménage à San Francisco où elle devient correctrice et rédactrice dans la publicité. Elle commence à écrire pendant son temps libre, et elle a publié à l’occasion dans divers petits magazines littéraires.

En 1938, la famille déménage à New York où elle écrit "Inconnu à cette adresse" (Address Unknown, 1938). Story magazine accepte de publier cette nouvelle qui relate la correspondance entre un marchand d'art juif vivant à San Francisco et son ami et associé, rentré en Allemagne en 1932, qui adhère progressivement à l'idéologie nazie.

Cependant, l’éditeur Whit Burnett et son mari Elliott jugent que "cette histoire est trop forte pour avoir été écrite par une femme", et décident du pseudonyme masculin de Kressmann Taylor, qu’elle utilisa ensuite jusqu’à la fin de sa vie.

Le Reader's Digest accueille à son tour la nouvelle dans ses pages, puis Simon & Schuster le publie sous forme de livre en 1939. 50 000 exemplaires sont vendus. Le livre est interdit dans l’Allemagne nazie.
En 1995, alors qu’elle a 92 ans, Story Press réédite "Inconnu à cette adresse" pour fêter le 50e anniversaire de la libération des camps de concentration. La nouvelle est traduite en 20 langues. Le livre sort en France en 1999.

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Commentaires

  1. Bonne idée de faire remonter ce livre de nos étagères.
    Cette correspondance est une façon marquante de dire que l'idéologie fanatique est plus forte que tout.

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merci d'avoir laissé ce commentaire très pertinent !