La lecture de Pierre.D, Christophe.B, Yves: "La Sacoche " de Bahiyyih Nakhjavani: On fait le bilan de sa vie face à la sacoche?


Roman littérature Iranienne

C'est un roman étrange que cette fiction très ésotérique.
Déjà, avec une auteure dont le prénom est affublé de 2 i, 2 y et 2 h, j’aurais dû, sinon me méfier, du moins me douter qu’on n’allait pas faire dans la facilité ! 
A la fin de l’ouvrage, le glossaire, ne comportant pas moins de 80 mots ou expressions empruntés aux religions et courants religieux le plus divers (hindouisme, bouddhisme, chiites, sunnites, mais aussi zoroastrisme) ne fait que renforcer cette impression : la tâche s’annonce ardue. Cela tombe bien : le temps est maussade, l’heure d’hiver allonge les soirées au coin du feu et le confinement bride nos envies d’aller jouer dehors, alors place à la lecture.

    Un ouvrage déroutant, aux multiples références sur le plan culturel et religieux, écrit dans un langage (très) érudit et (très) ésotérique, avec en toile de fond les parcours et destinées de personnages qui s’entrecroisent au sein d’une caravane qui se rend dans la ville sainte ;

    Pèlerinage initiatique pour les uns, quête de sens pour les autres, expiation des pêchés, réflexions spirituelles viennent jalonner le chemin semé d’embûches. On croise tour à tour un malfrat, un pèlerin, un bandit sanguinaire, une jeune fiancée capricieuse, un derviche, et même un cadavre en décomposition qu’il faut trainer coûte que coûte jusqu’à la Mecque pour y être enterré convenablement, et dont les odeurs de décomposition (on est dans le désert ne l’oublions pas) viennent semer des effluves dans le sillage de la caravane, allégorie (peut-être), d’une vie terrestre qui disparaît inexorablement. 

Et la sacoche dans tout cela me direz-vous ? 
Outre la caravane, c’est le deuxième fil rouge de cette histoire en forme d’épopée puisque chacun des personnages va à un moment où à un autre se retrouver en possession ou en situation de toucher cette sacoche de cuir remplie non pas d’ors et de pierres précieuses comme d’aucuns l’espéreraient mais de textes sacrés, de parchemins soigneusement enroulés et fermés par des rubans de soie : ces textes sont convoités, volés, éparpillés mais leur teneur restera mystérieuse. 
Chacun (e), à son contact, prend conscience de la futilité de sa vie sur terre et se prend à rêver d’un au-delà sublimé. La sacoche, c’est le beau (illustré par la calligraphie somptueuse), l’intouchable, la perfection, tout ce que ne sont pas ces personnages tour à tour vils, lâches, brutaux, une sorte d’idéal auquel aspire chacun, quelle que soit sa religion, faite de réincarnations successives ou pas.

A l'évidence, ce roman complexe est une invitation à la réflexion philosophique sur les mœurs et les sentiments qui guident les actions des hommes. C'est bien à l'approche de Ia mort que chacun fait le bilan de sa vie, face à la sacoche.

Avis du Délirien: ❤❤

Avis de Pierre D:

Malgré l'aide d'une carte des pays orientaux et d'un glossaire détaillé, ce livre demeure très complexe. 

Les nombreux retours en arrière, les liens passés de certains personnages font perdre le fil et la chronologie des événements. C'est une lecture difficile pour le cartésien que je suis. Je me demande si je n'ai pas été moi aussi une nouvelle victime de la sacoche!

Avis de Christophe.B:

Ce livre ne sera jamais publié dans la collection Harlequin et n’a pas sa place dans la bibliothèque rose. On peut néanmoins (sic) y trouver un certain plaisir (comme on en trouve à vaincre une difficulté) mais soyons franc avec le lecteur : c’est ardu, c’est dense, c’est touffu, et à moins d’être très féru de religions (moyen) orientales, osons le dire, c’est compliqué.  

Car si je vous dis Abriman, Ashrama, Avesta, Ahura Mazda, Rajim, Kalki et autre Moksha, que répondez-vous ? 

Avis de Yves.C:

Le principe du récit à plusieurs voix qui rapportent toutes une même suite d'évènements mais avec un angle de vue différent est une bonne idée mais elle n'est pas ici suffisamment exploitée pour faire progresser l'intrigue. Accessoirement, le mysticisme qui inspire l'essentiel du récit se révèle parfois un peu longuet. De plus j’admets que mes connaissances religieuses orientales sont un peu minces pour bien comprendre ce livre.

A propos de l'auteure:

Née en Iran en 1948, Bahiyyih Nakhjavani a grandi en Ouganda et fait ses études en Angleterre et aux États-Unis. 

Durant ces vingt dernières années elle a travaillé dans de nombreux pays, se consacrant à l’enseignement de la littérature anglophone et de l’art. Elle vit actuellement en France. Aujourd’hui retraitée, elle travaille pour le Conseil de l’Europe.

Bahiyyih Nakhjavani a déjà publié chez Actes Sud : La Sacoche (2000) qui a remporté un grand succès et a été traduit en plusieurs langues.


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