La lecture de Nicole.S: " Les sœurs aux yeux bleus" de Marie Sizun : on the road again....


Je vous avais relaté il y a quelques semaines le premier roman de Marie Sizun: "La gouvernante suédoise", ce roman "les soeurs aux yeux bleus " est la suite...
Le roman démarre à Meudon, là où on avait laissé toute la famille franco-suédoise. Hulda, la très jeune femme de Léonard, aux extraordinaires yeux bleus, succombe à sa cinquième grossesse ou, les enfants, les aînés en tout cas, en sont sûrs, au chagrin causé par Livia, la gouvernante…

Dans une première partie, Livia accompagne les trois filles, Louise, Eugénie et Alice qui vient de naître, et leur père, dont elle reste l’amante cachée, à Saint-Pétersbourg. Les deux  garçons deviennent pensionnaires au Prytanée, l’école militaire de La  Flèche, jusqu’à la fin de leurs études, la fratrie est séparée à jamais, les filles vont grandir sous la coupe de leur père, d’abord légère en Russie, c’est encore l’enfance, la chape allant se refermer sur elles à leur retour en France.

Dans la deuxième partie, Léonard, remercié dans son emploi, ruiné, considérant la situation politique plus que trouble en Russie, accepte l’invitation de son frère de venir s’installer en Loire Atlantique, dans sa ferme, à la Bernerie-en-Retz. Les filles, devenues jeunes filles, ont compris la relation que leur gouvernante entretient avec leur père et la méprisent.  Elles laissent partir Livia, qui se choisit une autre vie, sans regret, sans savoir que cette femme planera toujours sur leur destinée… En attendant, pendant huit ans, elles vont mourir à petit feu.

Non, l’hiver, il n’y a rien à faire pour elles à La Bernerie. Elles se disent, la rage au cœur, qu’elles feront les mêmes gestes dans dix ans, vingt ans, trente peut-être, sans que rien ne change ;

La troisième partie se déroule à Paris. Alice, élevée par Livia, va puiser en elle la force que la gouvernante lui a transmise. Les femmes n’ont pas d’autres ressources pour s’en sortir qu’en puisant sur elles-mêmes. Enfin lucide sur le rôle de son père, elle va s’émanciper, étudier, travailler, partir, et, à la mort du père, faire venir ses sœurs chez elles. Si pour Louise, tuberculeuse, c’est trop tard, Eugénie et Alice vont pouvoir peut-être commencer à vivre.

Marie Sizun nous embarque dans un long apprentissage de la liberté. Ce sont de magnifiques portraits de femmes que Marie Sizun va continuer à nous brosser dans cette suite de "La gouvernante Suédoise" où l’on va voir Livia s’effacer devant les fillettes qu’elle élève et Louise, Eugénie et Alice grandir et devenir femmes, passer du XIXème siècle étouffant où elles sont nées à une lente, difficile, douloureuse émancipation au début du XXème siècle.

L’histoire va s’arrêter juste avant la guerre de 39 et va, d’une manière surprenante, réunir les deux familles dont on aura suivi le destin sur trois générations : les Sezeneau, soumis à la tyrannie du patriarche Léonard, et les Bergvist, la descendance cachée que Livia, amante de Léonard, a eu de lui.

L'avis du Délirien: ❤❤❤

Il y a des Sœurs Brontë et d'Emma Bovary dans ce roman de Marie Sizun.

Je me suis vraiment passionnée pour l'histoire de ces trois sœurs et de leur gouvernante.  La psychologie des personnages est fouillée, les lieux sont décrits avec minutie et l'histoire est presque intemporelle.

A propos de l'auteure:

 

Marie-Sizun est née en 1940. Agrégée de lettres classiques, elle a enseigné la littérature française à Paris, en Allemagne et en Belgique. Elle s’est consacrée à l’écriture à la retraite et son premier roman est paru en 2005 "Le père de la petite". Trois ans plus tard, en 2008, elle a obtenu le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle pour "La Femme de l’Allemand", ainsi que le prix du Télégramme. 


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