La lecture de Nicole.S: "TSILI" : le juif errant

Tsili, fillette de 12 ans, peu éveillée, est peu douée alors que ses aînés cherchent à réussir socialement par une bonne éducation et des concours. La famille n’est pas pratiquante, un vieil homme l’ initie aux rudiments de la religion puisque l’école est pour elle un échec. 
Alors que la menace se précise pour les Juifs en 1942, on la "laisse garder la maison" tandis que le reste de la famille prend la fuite . Livrée à elle- même Tsili découvrira seule les moyens de survie. Souvent chassée pour être la fille de Maria, sa mère, connue pour être une " putain ", Tsili, rejetée de toutes parts, va vivre des aventures sordides, trop souvent battue, souffre-douleur des rencontres qui jalonnent sa vie de désolation jusqu'à sa rencontre avec Marek, un déserteur plus âgé qu'elle. Unis dans la même galère, l'amour doucement s'installe entre eux. Un jour Marek descendra de leur montagne pour ne plus revenir
« L’homme n’est pas une taupe, cette position couchée est déshonorante »
Tsili porte un  enfant de lui. La guerre prend fin et Tsili rejoint les colonnes de réfugiés qui traversent l’Europe avant d’arriver à la mer où ils embarquent vers la Palestine. La fin du roman conte leur errance. Tsili est devenue une femme.
L'avis du Délirien:  ❤❤❤
Ce récit est certainement inspiré de l'expérience de l'auteur qui s'est échappé, à l'âge de 10 ans, d'un camp de concentration. 
Un cout récit déchirant, austère, dans lequel on ne peut qu'admirer la force qui habite la jeune Tsili mue par un incroyable instinct survie 
J'ai aimé le récit épuré; les lieux comme les personnages ne sont pas suffisamment décrits pour être identifiés et cela donne un côté universel à ce récit.
La langue et le style de l'auteur sont remarquables de précision.
J'ai envie de lire d'autres livres de cet auteur. Philip Roth , le considère comme le plus grand écrivain israélien.
A propos de l'auteur:
Avec des milliers d'autres réfugiés, Aharon Appelfeld a débarqué sur les plages de Tel-Aviv, en 1946. Il avait quatorze ans et, derrière lui, un passé chargé de ténèbres. Né en Bucovine (province rattachée alors à la Roumanie), dans une famille juive, le jeune garçon fut envoyé dans un ghetto, puis déporté dans un camp de concentration de Transnistrie d'où il s'évada en 1942.
Il avait dix ans et se retrouvait seul au monde. Il se réfugia dans les forêts ukrainiennes où, trois ans durant, jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge, il survécut comme il put, en compagnie d'autres gamins, de marginaux et de prostituées. «J'étais blond et je pouvais facilement passer pour un petit Ukrainien. Je me taisais. Je n'avais plus de langue», écrira-t-il avec cette sobriété qui caractérise une œuvre écrite en hébreu et aujourd'hui riche d'une trentaine de titres traduits dans le monde entier.
Il vivait en Israël, est décédé début 2018.

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