La lecture de Sylvette.M : "Marx et la poupée" tout quitter...


Maryam est une jeune femme d’origine iranienne, devenue française par obligation. Elle raconte ici, de manière très poétique, comment elle a reconstruit sa vie après avoir été arrachée à sa terre natale, de tout ce qu’elle a dû abandonner, ses jouets, sa grand-mère...
Le roman débute alors qu’elle est encore dans le ventre de sa mère, en Iran dans les premières années de la république islamique. Les parents sont révolutionnaires communistes. Le père est emprisonné, la mère enceinte participe à des manifestations à l’université et saute du 2ème étage pour échapper à la police. Leurs amis sont arrêtés ou tués les uns après les autres, aussi, ils doivent se résoudre à fuir leur pays pour la France. Mais la mère doit abandonner ses rêves de poursuivre des études de médecine et s’enfonce dans un état mélancolique. « Absente, longtemps je t’ai vue absente. Absentée de la vie, de la maternité, du désir. Tu glissais lentement sur la vie avec un sourire d’acceptation. » 
Arrivée en France, dans ce pays où tout est inconnu, la langue, la nourriture, comment s’adapter ? Maryam passe du rejet de cette nouvelle langue en refusant de parler, à l’acceptation et à l’abandon de sa langue maternelle au désespoir de son père. À l’âge adulte, elle ne sait plus si elle est iranienne ou française. Et enfin vient la réconciliation avec ses origines et le retour en Iran qui n’est pas celui qu’elle avait idéalisé. Deux histoires se mélangent, se croisent : La vie en Iran, tout d’abord au début des années 1980 avec les combats des opposants au pouvoir islamiste et les arrestations, puis 20 ans après. Et l’adaptation à la vie en France, la langue, la nourriture, l’intégration à l’école qui passe par l’effacement des origines « on efface, on nettoie, on nous plonge dans les eaux de la francophonie pour laver notre mémoire et notre identité … Oublie d’où tu viens, ici ça ne compte plus. »

L'avis du délirien: ❤❤❤
Je m’attendais à un livre sur la révolution iranienne, l’intégrisme islamique, mais ce livre parle plutôt de l’EXIL, de la difficulté à trouver sa place dans un nouveau pays, des racines. On ressent beaucoup d’amour pour la mère, le père (cf. p54-54 chapitre sur les mains du père), la grand-mère restée en Iran. 
J’ai adoré l’écriture poétique, très imagée : « Je suis une guirlande de mots accrochée à un arbre qu’un enfant montre du doigt. » Cette histoire provoque beaucoup d’émotion et nous fait aussi réfléchir à notre façon d’accueillir les migrants.

A propos de l'auteure:
Originaire de l'Iran, Maryam Madjidi quitte son pays en 1986. Sa famille s'installe en France, à Paris puis à Drancy. Elle entreprend des études de lettres à la Sorbonne et rédige un mémoire de maîtrise en littérature comparée qui porte sur deux auteurs iraniens : le poète Omar Khayyâm et le romancier Sadegh Hedayat.
Se consacrant à l'écriture, son premier roman, "Marx et la Poupée" paraît en janvier 2017 aux éditions Le Nouvel Attila. De sa naissance à ses premières années d'exil en France, le roman évoque la révolution iranienne, l'abandon du pays et l'éloignement de sa famille. En mai 2017, l'ouvrage est récompensé du prix Goncourt du premier roman, puis du prix du roman Ouest-France Étonnants Voyageurs en juin de la même année, ainsi que du prix Soroptimist de la romancière francophone 2018.

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