Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature 2015, écrit
à partir d’interviews de femmes et d’hommes de tous âges et de toutes conditions sociales, russes et
biélorusses ayant vécu ou non l’ère soviétique.
Elle va faire entendre les voix de centaines de témoins : des humiliés et des offensés, des
gens de bien, d’autres moins biens, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant et aujourd’hui des citoyens résistant à l’instauration de nouvelles dictatures ou se revendiquant de ces
dictatures.
Elle adopte une méthode très journalistique: poser des questions non sur la politique, mais
sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les
milliers de détails d’une vie. Elle recueille les expériences des anciens, d’abord, ceux qui ont tout connu de l’ère soviétique, l’enrôlement des jeunes, la ferveur, les guerres, les famines, les confidences des cuisines. Celles des plus jeunes ensuite, acclimatés à la nouvelle Russie, ses errements, ses vides, qui vivent le socialisme par procuration et parfois s'en moquent..
“C’est la seule façon d’essayer de
raconter quelque chose. De deviner quelque chose. L’histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent
toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Je regarde le monde avec les yeux d’une
littéraire, et non d’une historienne.”
"La Fin de l’homme rouge" traite de l’effondrement
de l’Union soviétique : le communisme avait un projet insensé, transformer l’homme ancien. Et
cela a marché. En soixante-dix ans, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type
d’homme particulier “l’Homo Sovieticus”.
Cet “homme rouge” était condamné à disparaître avec l’implosion de l’Union soviétique qui, malgré les millions
de morts, ne fut suivi d’aucun procès de Nuremberg.,
l’écrivain russe promène son lecteur parmi les consciences.
L'avis du délirien: ❤❤❤
Ce livre fut une belle découverte, mais il m'a été un peu difficile au début de la lecture de m'adapter et de comprendre la méthode de l'auteure par rapport aux récits de tous les témoignages.
C'est un véritable document historique qui nous a fait découvrir les dessous de l'histoire du communisme, même si chacun sait que ce fut le plus grand massacre en Europe et dans le monde.
On retrouve les analyse faites dans "le livre noir du communisme" publié en 1997 qui fait état de 60 à 80 millions de morts au nom d'une idéologie.
Du livre au théâtre: Suivez ce lien pour en savoir plus
A propos de l'auteure:
Diplômée de la faculté de journalisme de Minsk,
Svetlana Alexievitch commence sa carrière dans un
journal local. Très tôt, elle affûte sa méthode : attentive
au son des voix, aux paroles vivantes, elle développe
l’interview comme instrument de travail.
Ces voix humaines, sensibles, particulières, recueillies
au fil des quinze dernières années en Russie et en
Biélorussie, composent aujourd’hui l’un des plus
bouleversants témoignages de l’histoire et de la
mémoire d’un peuple.
Depuis l’ouverture permise par la Perestroïka dans les
années 1980, elle mène en effet un inlassable travail de
fouilles au cœur des récents traumatismes de l’histoire
soviétique, occultés par le régime, voire refoulés,
enfouis par les victimes elles-mêmes.
Depuis 2013,
Svetlana Alexievitch reçoit tous les honneurs.
Après le prix des libraires en Allemagne, le prix Médicis
essai en France pour La Fin de l’homme rouge ou le temps
du désenchantement, élu “meilleur livre de l’année” par
Lire, la romancière biélorusse a été sacrée le 8 octobre
2015 par l’Académie suédoise Prix Nobel de littérature
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