la lecture de Nicole.S: "Au grand Socco" de Joseph Kessel, un classique méconnu....



Au pied de la vieille ville de Tanger se trouve la place du Marché, le Grand Socco. 

C'est là, où grouille une foule pittoresque, que vient Bachir, le petit bossu à la voix d'or.

Quel âge a Bachir ? On ne peut le dire. Douze ans, quatorze ans, peut-être. Mais il parle. II raconte des histoires belles et singulières comme Les Mille et Une Nuits. Allah l'a doué d'une parole enchantée.
Lady Cynthia, Lord Percival, le bon Abd-el-Meguid Chakraf – qui veut le bonheur de tout le monde –, M. Evans, le Prophète des Bêtes Blessées, la pauvre Léa, l'extravagante Mme Elaine, et le marchand d'or et bien d'autres encore défilent tout au long des discours de Bachir qui raconte leurs aventures étonnantes avec une verve et une poésie tout orientales.

Mais le personnage favori de Bachir, c'est un petit âne blanc si mystérieux, si touchant que l'on se demande si par hasard ce gentil animal n'aurait pas une âme. 

Lorsque, sous les yeux émerveillés de Nahas l'usurier, de Sayed le lecteur public, de Zelma la Bédouine et de tous les autres qui l'écoutent inlassablement, Bachir grimpera sur ce petit âne blanc pour aller visiter le monde, personne ne doutera plus de la véracité de ses histoires.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐

Kessel par le regard et la voix de Bachir, à la fois conteur et témoin, pose un regard faussement naïf à la fois sur la communauté internationale et sur ses compatriotes. Très clairement, il met en évidence le désir d'indépendance des habitants de Tanger vis-à-vis de la tutelle qu'elle soit française ou espagnole.
Saoud le Rifain, qui subjugue Bachir, s'écriera, exaspéré : il n'y a pas un Maroc des Français, il n'y a pas un Maroc des Espagnols ! Pour moi, tous ces pays n'en font qu'un et c'est mon pays !

J'ai aimé cette ambiance des souks, Le petit bossu a su me subjuguer tout au long de ses récits.
Merci à mon amie Catherine.B qui m'a fait découvrir ce roman méconnu de Joseph Kessel !

A propos de l'auteur: 

Témoin parmi les hommes s’il en fut, Joseph Kessel (1898- 1979) a traversé le xxe siècle au pas de charge. 

Curieux de tout ce qui touche à l’humain, il en a exploré bien des facettes dont ses romans (L’Équipage, Belle de jour, Le Lion, pour ne citer que les plus connus) autant que ses reportages nous ont donné des photographies inoubliables. 

Elles ont valu à ce combattant des deux guerres mondiales (il fut, avec son neveu Maurice Druon, l’auteur du Chant des partisans) une notoriété internationale. 

Élu à l’Académie française en 1962, il a laissé une œuvre abondante mais d’autant plus précieuse qu’il voulait que la littérature fut une fête à laquelle tout le monde était invité.

Partager votre avis dans la section "Commentaires" juste en dessous.


Commentaires