La lecture de Nicole.S: "Age of vice" de Deepti Kapoor...Riches et pourris....

On a dans Age of Vice toutes les caractéristiques attendues d'un roman indien contemporain, reflet d'une réalité exacerbée du grand écart entre la misère des masses et l'aisance éhontée des nantis, des sans foi ni loi, qui ont bâti leur insolent pouvoir sur le meurtre et la corruption.

Pour décrire ce microcosme pourri, l'autrice ne lésine sur rien et surtout pas sur la violence et la débauche, dans un océan de whisky et de cocaïne. 
Elle multiplie les personnages de second plan, sans nous perdre tout à fait, mais pas loin, et si son but est de nous inspirer du dégoût, elle y parvient sans mal. 

Les phrases courtes sont efficaces, les dialogues lapidaires aussi, mais il y a cette impression de trop plein qui vient assez vite et qui ne fait que s'amplifier. 

Les misérables, ce ne sont pas seulement, en Inde, les dalits, hors castes, comme Ajay, le héros, né en 1985, fils de paysans de l'Uttar Pradesh ruinés, rackettés par des escrocs. 

Son père mort, sa sœur violée par des salauds, sa mère le vend et on l'emmène dans l'Himalaya, à Manali, où il va être le boy d'une nouvelle famille, des kshatriyas (guerriers), aubergistes plutôt sympas. 
Le garçon est travailleur, discret, débrouillard, et beau gosse. Il apprend à lire et écrire, ainsi que l'anglais. Il passe là huit années presque heureuses. Jusqu'à ce que son « nouveau père » meure dans un accident de voiture et qu'il soit chassé par son frère. 

Il retrouve un travail de saisonnier, entre la montagne et les plages de Goa. Et c'est en 2001, de retour dans l'Himalaya, qu'il va faire la connaissance de Sunny Wadia, un gosse de riche mafieux, pourri, débauché, violent, qui le prend à son service. 
Homme à tout faire, homme de main, assistant vite indispensable, intelligent, il va peu à peu gravir tous les échelons et devenir indispensable à son maitre, Sunny, jeune héritier d'un empire basé sur la corruption. 
Ajay va voir son destin basculer. Les misérables, ce sont aussi ceux qui exploitent les autres, se croient tout permis, au-dessus des lois. 
Sunny cherche à s'opposer à son père qui a pourtant la main sur tous les rouages du pays. Contre l'avis de son père, Sunny va tomber amoureux de Neda, journaliste énergique et charismatique, pleine de contradiction, qui tente de survivre dans ce monde impitoyable.

L'avis du délirien: ⭐⭐⭐⭐⭐

J'ai été totalement happée par ce "pavé" de 600 pages. 
L'Inde, où je suis allée en 2018 est un pays à la fois fascinant et impitoyable, pauvreté, pollution, saleté et contrastes effrayants de mondes qui se côtoient.

J'ai retrouvé tout cela dans "Age of vice".

Certains personnages sont attachants, mais le pouvoir de l'argent est terrible et écrase tout sur son passage!!!

J'ai trouvé ce livre violent dès le début (mais au vu du titre, peut-être fallait-il s'y attendre).

Le portrait dressé par l'auteur de la société indienne fait ressortir l'importance des coutumes pour certains, mais surtout une corruption omniprésente (jusqu'au sein de la prison). 

Il montre aussi les écarts terribles de situation financière: la richesse fabuleuse côtoie la pauvreté la plus terrible, mais tout le monde trouve ça normal, ou presque.

Il s'agit visiblement du 1er tome d'une trilogie et j'ai hate de lire les suivants.....

 A propos de l'auteure:


Deepti Kapoor a grandi en Inde du Nord à Moradabad. Elle s'est installée à New Delhi en 1997 pour y étudier le journalisme et la psychologie.

Elle vit aujourd'hui à Lisbonne. Son premier roman, "Un mauvais garçon" (Seuil, 2015), a fait partie de la sélection du prix Médicis étranger.
Les droits de "Age of vice" ont été achetés pour une série télévisée.



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